Hier soir, je croise un couple de voisins alors que j’arpente notre trottoir.
“Hello, how you doin?”
Le mec me dévisage un peu trop intensément.
“It’s the first time that I see you dressed… normally.”
Éclat de rire. Ça fait des mois qu’il habite par ici, mais c’est la première fois qu’il me voit sans mes shorts et mes sneakers. Il a du me prendre pour Scott Jurek…
En effet, depuis décembre 2010, je cours. Beaucoup.
Quand on me demande pourquoi je cours autant, je répond que je cours parce que j’aime ça. Enfin… j’aime bien le début, la préparation, l’anticipation, et j’aime bien la fin. Retrouver mon souffle. Mes sens.
J’aime un peu moins le milieu. Je sais, je me répète.
Ces temps-ci, je ne cours plus. Depuis six semaines, je m’entraine.
Grosse différence.
Je n’ai jamais aimé l’entrainement. En grandissant, j’ai toujours préféré jouer plutôt que m’entrainer. Que ce soit, foot, tennis ou golf. Rien ne vaut un bon match, n’est-ce pas? Oui et non.
En réalité, rien ne vaut une victoire. Et pour gagner, il faut s’entrainer.
Je m’entraine parce que je veux courir plus vite, plus longtemps. Mmmm…
Je m’entraine parce que je veux battre mes potes à la prochaine course. Peut-être.
Je m’entraine parce que je cherche à me prouver quelque chose. Probablement.
Me prouver que je suis capable de dépasser les limites fixées par ma conscience.
Prouver que si je me lance dans une entreprise, n’importe quelle entreprise, je suis (encore) capable de la mener jusqu’au bout.
Prouver que je suis encore capable d’écrire.
D’écrire “Roman no 2″.
Je n’ai pas vraiment produit ces dernières semaines. J’ai fait un peu de progrès au niveau de la structure et des personnages. J’ai trouver un moyen étoffer mon milieu (au détriment du début – écrire est un jeu a sommes nulles). C’est tout.
Beaucoup de jours. Peu de mots.
On the bright side of things (where is my french?), une force irrésistible de pousse à me lancer dans “Roman no3″. Roman no3 sera un polar. Un polar/action/super-heros.
Une histoire contemporaine, avec Genève comme toile de fond. Corruption, blanchiment d’argent, drogue, prostitution. Les quatre piliers fondateurs de la cité de Clavin.
Je vais essayer de mener les deux projets (roman no2 et no3) parallèlement. Je me demande si c’est possible. J’écris à peine, et voilà que je décide de commencer un nouveau projet. Ça pourrait sembler un peu débile, mais je crois que c’est le meilleur moyen de me remettre à écrire avec une certaine constance. Je suis empêtré dans roman no2. Roman no3 ça pourrait être cette bouteille d’oxygène dont j’ai tant besoin.
C’est la troisième fois que je débute un roman.
Roman no1 est en libraire.
Roman no2 est en déroute.
Roman no3? Je sais déjà que les 30 ou 40’000 premiers mots vont littéralement tomber du ciel. J’aime écrire les débuts. J’aime rechercher, construire, bâtir. Inventer des personnages, leur donner une raison d’exister. Un but. Une mission.
Je sais aussi que la fin va déchirer. J’aime écrire les fins, accélérer le rythme, dévoiler les secrets des uns et des autres, leur motifs. Prendre le lecteur à contre pied.
Puis, il y aura le milieu. L’angoisse du vide.
Mais cette fois-ci, je suis mieux préparer. Réussir son milieu ce n’est pas simplement essayer. Réussir son milieu c’est le fruit d’un long travail.
Le fruit d’un long entrainement.
Et désormais, grâce à tous ces kilomètres parcourus depuis décembre, je crois que je suis prêt. Prêt à écrire à nouveau. Prêt redevenir moi-même.