Magazine Journal intime
J'ai regardé tellement de films d'un coup que je pourrais...
Publié le 03 juillet 2011 par M.
J'ai regardé tellement de films d'un coup que je pourrais presque tous les confondre ; ils se rejouent dans ma tête en un flot ininterrompu, comme une bande magnétique qui se déviderait à l'infini. Parfois j'intercale quelques images de la réalité. Je mélange les personnages. Juste pour voir si ça colle avec le sujet. Quand je raconte mon histoire, on me répond toujours avec les mêmes phrases, et il est probable que si quelqu'un d'autre me l'avait racontée, j'aurais dit les mêmes choses ; l'être humain n'est pas vraiment original. Je pense que ça ne peut pas être déjà la fin mais au fond, peut être que si. Ça peut. Peut être que tu ne vas pas revenir et que les souvenirs vont peu à peu s'effacer, comme un dessin stupide dans le sable que rien ne peut sauver de la marée montante. Mes derniers mots ne valent même pas le coup d'être gardés, ils sont médiocres, c'est incroyable le nombre de banalités qu'on peut dire en une vie. J'ai évidemment cru que nous étions exceptionnels, mais c'est peut être seulement parce que j'en avais envie. Qui peut vraiment savoir. C'est facile d'inventer des exceptions quand on ne connaît qu'une infime partie du monde, mais est-ce que ça existe réellement, l'exceptionnel. Autrement que dans les instants, je veux dire. Le temps passe de manière fantasque, parfois il me manque un frère, parfois c'est l'autre, parfois j'oublie les prénoms et je me vautre dans un confortable néant. Et je regarde des films. Je me dis que j'aimerais avoir faim, ça me ferait une raison de sortir. C'est si simple de ne pas parler quand la ligne sonne indéfiniment dans le vide, ça le serait moins si l'univers tentait de me contredire, mais rien ne se passe. Je n'ai même pas le sentiment d'attendre, et à peine un soupçon de mélancolie, mais vraiment juste parce que ça va bien avec la nuit tombante et la bande-son. Je joue son jeu que je déteste, partir dans l'autre sens pour forcer l'avenir à changer de direction, mais c'est un peu genre quitte ou double, il pourrait bien s'en foutre et continuer tout droit. J'ai l'habitude d'imaginer tous les futurs possibles, mais d'habitude, je ne me plante pas. Pas comme ça.