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Flocoon Paradise de Philippe Carrese

Publié le 06 juillet 2011 par Paumadou

Flocoon Paradise de Philippe Carrese

Flocoon Paradise est une caricature. Du début à la fin. Un fantasme peut-être sur la fin. En tout cas, c'est très drôle. Je l'ai lu en une soirée... En fait, ce n'est pas vrai, j'ai dû arrêter 10 pages avant la fin parce que je m'endormais. Il était deux heures du mat.

L'histoire est celle d'une troupe de journalistes, embringués dans un voyage de presse pour célébrer les vertus luxueuses de Flocoon Paradise, le paradis de la glisse sans limite.

On est au mois de novembre, avant la saison, y'a pas un pet de neige à 1909. Flocoon Paradise est un bijou de communication et d'apparence. Tout y est faux : TOUT des bouquetins, aux sports de glisses, jusqu'aux invités. Tout sauf la décrépitude de ses deux jours de séjour, une semaine avant l'ouverture officielle. Et on se marre du début à la fin.

Entre l'attachée de presse au sourire à toutes épreuves, incollable sur l'homéopathie, le critique littéraire de Télérama, à l'écharpe rouge à toute épreuve aussi (surtout celle de la charte graphique), incollable sur les films érotiques lapons et une galerie de portraits plus hilarants les uns que les autres, Raymond Lautaret (comme le col) est bien le seul à être lucide. Lui, il a fait Beyrouth, Grosny, lui, il est reporter de guerre... Il passe son temps d'ailleurs à ne pas faire les photos qu'il aurait pu faire. Mais, c'est normal, c'est un réflexe de photographe. De toute façon, il n'est pas là pour ça.

J'ai tenté après avoir lu la critique de Tulisquoi, je regrette pas ! J'ai ri du début à la fin.

Petit extrait :

– Vous avez ramené des scoops ? Souvent ?
– Des scoops ?
– Ne soyez pas modeste, Ray. Un photographe de votre envergure !

Les scoops de ma vie ? Je repasse mon existence en accéléré. Je revois mon père qui rentre bourré, ma mère qui rentre épuisée, ma sœur qui rentre shootée. J’aurais pu faire une photo si j’avais eu un appareil, à l’époque. Je revois ce conseil de classe de sinistre mémoire, avec ces profs mort-vivants qui m’éjectent d’une scolarité normale à seize ans sous prétexte de manque de sociabilité. J’aurais pas pu faire de photo, ils m’avaient confisqué mon vieil Asahi-Pentax. Je revois les gars du service photo des armées. Je revois mes premiers tirages, portraits de gradés au mess des officiers dans le fort d’Ivry. Pas vraiment un scoop. Et après ?

Moi perdu en plein Beyrouth. J’ai fait des photos, flinguées par les rayons X au passage de la douane. Moi crapahutant au Rwanda. J’ai fait des photos des populations perdues, pas des populations massacrées, elles n’ont intéressé personne. Moi en Tchétchénie, le froid a détérioré mes négatifs et l’armée russe a explosé mon Leica. J’avais fait des photos, pourtant. Insoutenables. Moi en Yougoslavie. J’ai pas envie de raconter mes photos en Yougoslavie à l’épave mondaine qui remue du cul devant moi, m’aguichant de sa voix de baryton-basse tout en m’enveloppant dans un nuage toxique.

– J’ai fait une très belle photo d’une princesse à la mode en train de niquer avec son garde du corps !
– Non ?
– Si ! J’ai aussi fait un rouleau entier sur l’agonie d’un sénateur de droite dans un bordel pour pédophiles.
– Sans déconner !
– Sans déconner. J’ai également une pellicule en 1600 asa sur les égarements d’un ministre en exercice nu sur une plage en Corse, en compagnie d’un top model réputé.
– Une top model ?
– Non. Un top model. Mais ces photos ne sont jamais parues nulle part. C’était à l’époque où je travaillais pour La Vie catholique. C’était pas le genre de la maison.

Pour l'acheter sur le site de l'éditeur : Flocoon Paradise sur Publie.net


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