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Je vous déconseille d’utiliser les toilettes backstage...

Publié le 07 juillet 2011 par Fabrice @poirpom
Je vous déconseille d’utiliser les toilettes backstage...

Je vous déconseille d’utiliser les toilettes backstage après dix-neuf heures. Elles deviennent immondes.
La veille du concert. En faisant le tour du Zénith en début d’après-midi, la patronne prodigue ses conseils. Les membres de l’équipe impliqués dans le joyeux bordel du lendemain ont été conviés à une petite visite guidée. Ne manque que les bobs jaunes sur les têtes et le parapluie tendu vers le ciel en signe de ralliement.
La veille du concert. Journée où la boutique est en effervescence. Le conducteur du lendemain, planning excel qui se déroule sur trois cents mètres, change tous les quarts d’heure.
Ne pas cliquer sur imprimer. Sinon une ramette de papier toute entière y passe.
Tout le monde court. Dans tous les sens. Avec quarante questions à poser à quarante personnes. Qui elles-même courent dans tous les sens. Chaque réponse déclenche trois mails et six coups de fil. Et quarante nouvelles questions.
Répéter jusqu’à épuisement.
La veille du concert. Côté entrepôt, les deux équipes qui ont des projets le lendemain préparent et chargent.
Y a moyen de prendre deux cents pinceaux? Soixante rouleaux de scotch?
Baliser est un truc étrange.
Trente rateaux et vingt-cinq pioches, c’est suffisant pour ratisser le trou d’balle d’une poule?
Sensation bizarre de contenir le vide intersidéral de l’espace à l’intérieur de soi.
Quatre-vingt litres de peinture, je trouve çà un peu juste pour repeindre les chiottes de l’asso.
Et de tomber dans ce vide qui est dedans.
Huit cents litres de terreau pour trois jardinières avec deux pieds de tomates et du romarin, ça ira?
Combler par le trop plein est l’une des vaines méthodes pour lutter contre ce truc étrange.
Faut bien comprendre, y a la presse, les artistes, tout çà. Faudrait pas merder.
Respirer lentement; fermer les yeux; faire un pas en arrière; contempler ce vide. À l’intérieur. Et lui sourire. À l’intérieur. Avec bienveillance.
Une autre méthode pour lutter contre ce truc étrange. Moins vaine. Plus écolo. Mais peu de gens y pensent.
J’peux taper les deux valoches de quincaillerie pour bricoler deux bancs en palettes? Personne s’en sert, non?
Fresh-Fraîch’, lui, préfère la première méthode.
Exponentiel: qui augmente de façon rapide et continue.
La veille du concert. Au début de la visite guidée, S-Bolla, seul sur la scène dénudée, photographie l’immense salle. Vide. Et tweete-facebooke-poste sur tous les réseaux. Live. D’une seule main. Pour chauffer les spectateurs.
Ça va liker à mort.
La veille du concert. Tonio et Rak-L ont kidnappé Féfé et la Visa Business pour acheter les munitions de l’after-show.
Au retour, ces trous du cul sourient comme des braqueurs de banque.
On va découper une tonne de kiwis. Si tout se passe bien, notre petit coktail maison devrait tuer des gens.
Sans arme ni haine ni violence.
La veille du concert. Pour se mettre à l’écart de la fourmilière qui se prend un coup de latte et s’affole, il reste le canapé en cuir dans le bureau de la patronne.
S’étaler.
Le rideau retient la lumière du soleil avec ses petits bras musclés. La chaleur, elle, force le passage et vient picoter le visage.
Demain, Z-Day.


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