Sarkozy : y a-t-il eu tromperie sur la marchandise?

Publié le 15 février 2008 par Bernard Girard
Depuis quelques jours, les débats télévisés ne portent plus que sur la chute de Sarkozy dans les sondages. Les commentaires, toujours très savants, tournent en général autour de deux idées :
- la politique n'est pas contestée, à preuve la bonne tenue de François Filllon dans les sondages,
- le problème, c'est Nicolas Sarkozy, la manière dont il exerce son métier, les yachts de ses amis, ses vacances à Pétra (entre nous, quelle hypocrisie de la part de journalistes qui sont tous allés au moins une fois visiter ces lieux splendides!).
Il est possible que ce soit l'explication, mais j'en vois au moins une autre : le sentiment d'une tromperie sur la marchandise. Je m'explique : Nicolas Sarkozy a été élu pour mener une politique de droite classique, avec plus de discipline (qui veut également dire rigueur budgétaire), la récompense de l'effort, une dose de libéralisme et la remise en cause des avantages acquis. Or, lorsque l'on regarde la politique qu'il mène, on découvre :
- qu'il conduit de manière relativement timide ce programme de réformes de droite classique : pas de sélection à l'entrée à l'université, une réforme des régimes spéciaux dont chacun sent bien qu'elle patine, un choc de confiance qui ne vient pas…
- qu'il consacre beaucoup de son temps à une "révolution culturelle" pour laquelle personne ne l'a mandaté. Je fais allusion à ce qu'il dit sur le rôle de la religion (sujet qui le met en porte-à-faux avec l'essentiel de la société française si attachée à cette idée de laïcité que l'on peut dire qu'elle est avec la langue une des composantes de notre identité nationale), mais aussi à son atlantisme affiché qui l'oppose à une opinion qui appréciait l'anti-américanisme de Chirac et à cette ouverture qui va probablement bien au delà de la seule tactique anti-socialiste. Sarkozy a probablement en tête, avec cette ouverture, une réécriture de notre système politique où l'opposition gauche-droite s'effacerait au profit d'une opposition entre écuries présidentielles.
Si cette interprétation est correcte, la désaffection à l'égard de Sarkozy viendrait de ce qu'il fait autre chose que ce pour quoi il a été élu. A contrario, la popularité de son premier ministre viendrait, non pas de sa discrétion sarthoise affichée, mais de ce qu'il tente d'appliquer le programme du Président.