Lundi, 8h30, J1.
J'arrive tout frais au service, un sac de chouquettes sous la bras (toujours utiles en territoire inconnu...). On me présente la cadre de santé:
_"Ah mais je n'attend personne moi! On ne m'a rien dit!"
Ayé, ça commence... Il paraît qu'il faudra s'y habituer...
Finalement, il y a un peu de place pour moi, et donc on me présente le service (divisé en soins intensifs et secteur de transplantation), les membres de l'équipe que l'on croise, et je me retrouve finalement affecté deux semaines en transplantation et une semaine aux soins intensifs.
Passage par le vestiaire pour enfiler le truc qui sert de blouse ("Le pantalon, il se met dans quel sens?"), et hop, j'arrive dans ma section, où je rencontre Sandra, mon infirmière de référence, et Rania, une autre infirmière qui à peine arrivé m'explique le fonctionnement de l'échange plasmatique en cours sur deux patients au moment de mon arrivée.
Le service, c'est à ce moment là un long couloir calme, une dizaine de chambres de part et d'autre, quelques chariots solitaires par ci-par là...
Et là, Sandra me demande si je veux voir une fistule... Bah pourquoi pas, je suis là pour apprendre! On m’explique que la fistule est une jonction (une anastomose pour parler comme les grands) entre une veine et une artère du bras: le débit étant très important, la veine va gonfler et former des anévrysmes sous la peau, pour faciliter les ponctions répétitives lors des dialyses, échanges plasmatiques...
On me présente à la patiente, et là: "vas-y touche, tu va voir on sent les battements et le thrill, c'est le sang qui passe...". Et en effet, on sent bien le débit juste sous la peau (1L/min pour une bonne fistule), il n'en faut pas moins pour me faire penser à une baudruche prête à exploser, et je me sens blêmir doucement... Je tente de rester debout, souriant, on sort, on marche jusqu'au poste de soins et là "Bah dis donc, t'es tout blanc...". Oui, je m'en doute, j'ai failli tomber dans les vapes...
Encore une fois, ça commence bien....
Finalement ça passe vite une fois que je découvre la cachette des bouteilles d'eau, et je me sens d'attaque pour continuer mon exploration.... Sandra a préparé un chariot pour une biopsie rénale ("Mais, le gros trocart là, on le plante dans le patient? Ah quand même..." "Et encore, t'as pas vu les aiguilles à dialyse, on les appelle les pieux..."). Il ne manque plus que le médecin...
En attendant, elle me prête courageusement son bras pour que je fasse ma première prise de sang au calme, guidé, et pas au chevet du malade... Plein de petites choses auxquelles il faut penser avant de se lancer...
Bien concentré, j'approche l'aiguille de la peau proche de l'endroit repéré, impact dans 2 secondes...
Dernière check-list d'urgence, le biseau est bien vers le haut, le pouce n'est pas sur le bouton de rétractation de l'aiguille... Impact dans une seconde...
Attention, je pique!
Et pouf, direct dans la veine, c'était pas si horrible finalement ...
Le plus dur c'est la suite: tenir le vacutainer d'une main sans trop touiller dans la veine avec l'aiguille, le temps de chercher les tubes de l'autre main sur le plateau...
Prochaine étape, le faire sur un vrai patient...