Qu’est-ce que la maladresse ? Une bosse violacée sur le front, des bleus aux hanches, des coupures aux doigts, des cicatrices en bas des reins ? Mon corps est un manifeste. On y lit ses chutes et écorchements. Je suis la nana qui tombe sur les feuilles de laitues.
Quand je saute de joie dans la bouche de métro et que je me cogne malencontreusement au plafond, vous rigolez bien sûr. Ma douleur a peu de poids par rapport au comique de la situation. Je rejoins la compagnie des clowns, bien malgré moi, les Gaston Lagaffe et autres Pierre Richard.
Mais pourquoi rie-t-on ? Non pas parce que je tombe, c’est pire : parce que je me relève. Si je restai clouée au sol, sonnée, je basculerai dans la tragédie. Mais si je me relève, je prends juste l’allure d’un vulgaire pantin, mal adapté, un peu rouillé et bêta.
On attend de l’adulte un équilibre. Du moins, morphologique. Où donc est passé le mien ?