Magazine Journal intime

J'ai testé pour vous le suicide de molaire...

Publié le 13 juillet 2011 par Wawaa

...ça fait peur hein ? Ce n'est pas que j'aie une dent contre vous, rassurez-vous. Mais je conçois que l'évocation d'un suicide de molaire, ça puisse vous effrayer ! Et ben ça m'est arrivée . Le problème c'est qu'elle n'a pas décidé de se suicider en sautant de ma bouche, ç'aurait été si simple. Un midi, en mangeant du pain, en croquant une pomme, la molaire aurait atterri dans mon assiette dans un dernier tintement grâcieux. Et moi surprise, je l'aurais prise du bout du pouce et de l'index proposant une remarque profondément intelligente : « Tiens, une dent ! ». Elle aurait pris soin de se suicider sans faire mal à ma gencive. Mais non, elle avait une sacrée rage de dent, et pour suicide, elle a choisi la nécrose avec grosse infection.

L'histoire du déclin de cette molaire a commencé il y a un ou deux ans. Un méchant vilain dentiste obsédé avait eu l'excellente idée d'arracher la gencive entre cette dent et celle de devant; dent qu'il était en train de soigner. La gencive n'a jamais repoussé, hélas. Et j'ai donc du vivre avec un trou béant à cet endroit là, où la brosse à dent n'allait pas forcément et où le cure-dent se coinçait facilement. Cette mascarade a permis à une saloperie de carie de se développer quasiment de l’intérieur puisqu'elle a démarré à la base de la dent au niveau de ce trou qui n'était, à la base, pas prévu par mon formidable patrimoine génétique.

Une nouvelle dentiste avait diagnostiqué l’insidieuse carie et l'avait soigné en cassant la partie de la dent encore saine. Malgré l'ampleur de la carie, elle s'était refusée à euthanasier la dent. Oter la vie à une molaire lui était surement difficile et c'est probablement par acte de compassion et d'héroïsme qu'elle s'est mis en tête qu'il fallait sauver cette dent et ne surtout pas la dévitaliser. Ainsi fût-t-il.

Une fois soignée, je n'avais plus mal. C'était formidable. En plus ma dent était vivante. Quelques jours plus tard, je la sentais un peu douloureuse avec une boule naissante sur le côté de la gencive. Une molaire rebelle ! Décidée à m'en faire me décrocher la machoire de désespoir. Retour chez la dentiste qui me propose de prendre des antibiotiques. Ma foi, le mal passe. La bouboule malvenue disparaît. La vie reprend son cour. Il y a quelque temps je pète un plomb. Je veux dire, ma molaire perd un morceau de plombage alors que je mangeais je ne sais plus trop quoi. J'ai eu là l'occasion de faire une remarque profondément intelligente « Oh, un bout de plombage ». C'est très énervant quand un plombage se fait la malle. T'y fourres toujours la langue, tu sens les aspérités et tu trouves pas ça normal, et ça dure toute la journée. T'es de longue en train de te brosser les dents et à table tu cherches automatiquement la compagnie d'un cure-dent parce que tout connement tu t'es habitué au trou et du coup quand y'a de la bouffe dedans, pour toi c'est pas normal, parce que quand tu passes la langue tu sens plus les aspérités et le trou. Tu piges ?

Ma dent me faisait mal. Mais j'ai trainé. Parce que j'avais des tas d'autres choses à faire du genre aller au bilan de compétences, faire des micro-voyages dans le Gers, cuisiner un truc en particulier, visiter l'Aveyron, aller chez ma grand-mère, écrire des lettres de motivation, allez aux réunions d'information inutiles de Pôle emploi, et aussi rien faire. Et puis la douleur elle n'était pas là tout le temps, un bon brossage tonique qui dégomme et ça allait presque mieux.

Et puis LA BOUBOULE 2 le retour. Paf. Grosse comme le bout de mon index. Une belle chique avec une douleur dans le cou sous la mâchoire. Quelque chose me disait que y'avait comme une couille dans le potage. Du coup je suis allée chez un nouveau dentiste puisque j'ai déménagé. Celui qui est actuellement juste en face de chez moi. C'est super pratique. Pas besoin de chercher une place de parking, pas besoin de prévoir un quart d'heure au cas où. Je traverse la rue après avoir regardé des deux côtés et c'est bon.

J'entre donc, je lui explique et il regarde ma molaire. Il s'affole. « OUH la la la la c'est pas bon c'est pas bon ça, ou lalalala ». J'aime sentir ce ton rassuré. Il fait une radio. « Ah ben la ma pov' petit dame ! Ah ben là vous voyez ce que c'est ! C'est pas beau, c'est un kyste, regardez les racines ! Oh la la la la ma pov' petite dame, ça doit faire mal ! Oh la la la ». Oui bon hé , monsieur, je suis pas non plus à l'article de la mort hein.

Il est tellement effondré en voyant ça que ça me fait rire. Alors je ris. « Bon faut soigner ça , faut plus trainer, sinon demain c'est LA PATATE là hein ». Et, patate toi même ! « Bon euh, faut que j'ouvre un peu la dent, mais je peux pas faire d'anesthésie sur ça, oh la la , on va y aller tout doucement ». Le v'là t-y pas qu'il sort sa fraise et brrrrrrrrt. Même pas mal. « Nan mais vous comprenez là avec l'infection la dent est sous pression faut ouvrir pour que ça respire, parce que ça fait comme une cocotte minute quoi , si on l'ouvre hop, ça va mieux, y'a plus de pression, vous comprenez ». Je comprends.

Un fois un trou béant réalisé dans ma dent, il m'indique que c'est terminé. Il repart s'assoir devant son ordinateur et regarde la radio de ma dent. « OH LA LA LA LA LA, C'est pas joli joli hein, t'façon va falloir l'arracher ».

« Hein ? Ma dent ? »

« Oui, il faut l'enlever » dit-il d'un ton désolé.

Il prévoit l'extraction 10 jours plus tard, le temps que les antibiotiques fassent leur effet. Après deux jours d'antibiotique, ma chique disparaît et la douleur s'ammoindrit. C'est déjà ça. Encore 6 jours d'antibiotiques associé à un anti-inflammatoire qui, outre me soigner, me trouent l'estomac et ça ira encore bien mieux.

A l'approche de l'extraction, donc l'arrachage violent de ma molaire suicidaire, j'ai même pas peur d'abord. Ce n'est pas la première fois qu'on m'arrache une dent. Sauf que la première dent qu'on m'a arrachée fût une dent saine afin de pouvoir remettre en place mes dents avec tout un tas d'appareils barbares, mais là n'est pas le sujet.

Le jour J arrive , je suis prête à 7h45 et à 7h54 je traverse la rue. Je sonne et j'entre, je suis comme ça moi. Le dentiste est là, affairé à je ne sais quoi au bureau de la secrétaire. Il répond à peine à mon bonjour ce qui me ne met franchement pas de bonne humeur. Mais je crois qu'il était concentré sur un problème d'ordre informatique, je le pardonne.

Après avoir feuilleté quelques magazines formidablement people racontant que Kate Midelton est peut être stérile, que Carla est enceinte et que Pippa a un beau cul, il vient me chercher. Je m'installe. Il sort ses seringues et pique la gencive, à l'endroit de l'infection. La torture commence. Ordinairement, la piqûre d'anesthésie est a peine douloureuse. Mais au moment où il a injecté le produit et que j'ai eu l'impression qu'on m'arrachait un bout d'os de la machoîre, j'ai compris que j'allais véritablement EN CHIER !

Au bout de 5 ou 6 injections tout au long de la gencive, il s'arrête le temps que « ça prenne » et en profite pour me faire un détartrage. J'aime pas ça. Ca fait vibroter les dents, ça donne des frissons et en plus parfois, ça fait mal aux gencives. Méchant dentiste, très méchant ! « Vous pouvez vous rincer la bouche ». Est-ce que vous voulez un dessin ? Avec un côté de la bouche paralysé, imaginez ce que ça peut donner au moment de cracher? Je lui ai pourri son carrelage car l'eau a jailli de manière très bancale par rapport au point que je visais. Bien fait !

Quand je commence à ne plus sentir le côté droit de ma bouche, ma joue droite, il décide de tenter d'arracher ladite molaire au bord du précipice. « Tout doucement » -Bibi c'est toi ?. J'hurle. Bordel, mais ça fait mal ! Jamais je n'avais eu aussi mal. Il s'arrête donc. Repique à trois endroits de la gencives. Les deux premières fois, je ne sens rien, la troisième fois, je manque de lui péter la tronche. « Mais on est tendu ! En plus comme vous arrêtez pas de vous plaindre, je ne sais pas si vous avez peur ou si vous avez mal ». Comment on fait hein, pour dire « J'AI SUPER MAL » quand notre élocution est anéantie par une grosse dose d'anesthésiant, hein ?. Je lui fais comprends que j'ai mal par quelques consonnes balancés malgré mon état. « E ré al ». Traduction « j'ai très mal ». Il tente encore mais j'en pleure, levant droit la main gauche, serrant le papier, pliant les jambes, mais sans jamais fermer la bouche, parce que bon, faut l'arracher, cette dent, alors je me dois de tenir le coup. Il arrête et décide de piquer directement dans les racines. Dernier cri, parce que franchement, ça c'était méchant ! Pile poil dans la douleur ! Et pourquoi il a pas commencé par là, hein ?

Après ces deux dernières piqûres, et donc un total de 11 ou 12 piqûres, ça y'est je ne sens plus rien ! Il enlève une première partie de la dent puis l'autre en quelques secondes. Plie en 4 une petite compresse, la pose sur la plaie et me dit de serrer les dents ce à quoi je réponds « D'accooo » avec un léger filet de bave au coin de la bouche. Merci l'anesthésie. « Et on applique du froid » « D'accoooo », « Et toute les 4h un efferalgan », « D'accooooo », « Et si ça va pas mieux lundi vous revenez, c'est que vous ferez une alvéolite, faudra mécher » « D'accoooo ». Ouais c'est ça , c'est moi qui vais te mécher les alvéolites si jamais j'ai encore mal !. « 83 euros » « D'accooooo ». Putain, c'est cher de souffrir. « Bonne journée » « eci, ovoi ».

Et c'est ainsi que le 5 Juillet 2011 fut déclarée officiellement Journée de la bouffe prémâchée avec le droit d'avoir une bonne excuse pour s'empiffrer de glace.


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