Nous avons tous notre médecine
personnelle et des affinités particulières avec certains êtres dans les mondes animal, végétal et minéral. Chacun de nous a son animal-gardien, sa plante-gardienne, son minéral-gardien. Lorsque
nous découvrons quels sont ces protecteurs, souvent appelés totems dans la culture amérindienne, nous pouvons les représenter sur nos vêtements ou les porter sur nous. Nous manifestons ainsi leur
présence dans le monde physique. En conscientisant ainsi leur présence, ils travaillent avec nous. Il est dit que ces êtres du monde invisible peuvent nous jouer des tours, nous distraire par des
événements dérangeants ou même nous réveiller en pleine nuit avec des rêves déplaisants ou effrayants simplement pour attirer notre attention. Tant que nous n’avons pas découvert leur identité,
ils continuent de vouloir nous révéler leur existence. Il est donc préférable d’établir dès le départ qui, parmi les représentants des espèces minérales, végétales et animales, sont nos alliés et
d’activer leur influence bénéfique dans nos vies par une représentation appropriée. Ce sera alors notre « médecine »[1]. Les esprits des animaux sont plus basiques, plus près des
instructions du Créateur, plus en harmonie avec la nature et la réalité du monde physique. Il est donc bénéfique à chacun de connaître ses animaux totems, car cela peut enrichir notre
compréhension du monde. Les animaux font exactement ce que le Créateur attend d’eux. Chacun est porteur d’un enseignement bien précis. L’aigle, par exemple, est le messager du Grand Esprit,
vecteur de la connexion avec le Divin. Il représente la possibilité d’équilibrer nos vies entre le monde spirituel et le monde matériel. C’est le visionnaire, le représentant du Divin, celui qui
vit dans les plus hautes montagnes et qui peut regarder le soleil sans cligner des yeux. Il nous donne le courage, la rapidité et la vitesse, l’agilité de l’esprit guerrier qui saisit en un
instant ce qui est bon pour le bien du peuple. Chaque animal est responsable d’un enseignement et tous ont leur place dans le grand cercle de la vie. Connaître la raison d’être des animaux et
découvrir ce qu’ils nous offrent est l’activité donnée par le Divin au couple premier dans l’Eden. C’est une activité à laquelle nous pouvons tous nous associer. Je me souviens d’une fois où j’ai
offert un stage sur les animaux totems. Une étudiante avait découvert que son animal protecteur était la petite fourmi et elle en était désolée. Pourtant, les leçons que nous présente la petite
fourmi sont tout à fait extraordinaires. Seulement, dans notre mentalité occidentale, nous avons tendance à croire que les animaux nous sont inférieurs, particulièrement les insectes. L’étudiante
en question ne trouvait rien de spectaculaire au fait que son animal gardien soit la fourmi. Or, il n’y a pas une seule créature sur cette terre qui n’ait sa mission à remplir, un rôle essentiel
à jouer. Chacun a été placé ici avec l’idée d’une tâche bien précise à accomplir. La fourmi, puisque nous parlons d’elle, est d’une patience et d’une persévérance incroyables. Toutes ses actions
s’orientent vers le bien de sa communauté. Elle est d’une abnégation totale. C’est également une communicatrice sociale hors pair. Je me souviens aussi d’une autre dame qui avait reçu comme totem
la reine abeille. Elle non plus n’était pas très emballée par son totem. Mais elle l’accepta et au cours de la semaine que nous avons passée ensemble avec les animaux totems, elle apprit à
intégrer les enseignements de la reine abeille. Cette dame était une aînée partiellement handicapée. Elle avait de la difficulté à marcher, même avec l’aide de sa canne. Pourtant, lorsque vint le
moment de danser la reine abeille, nous la vîmes tous laisser tomber sa canne et virevolter autour du cercle, tournant, les deux pieds parfois quittant le sol, tout en chantant un chant
vrombissant comme les ailes d’une abeille. Ce fut un moment magique. Et après, de se déplacer pesamment et péniblement comme si elle ne se souvenait de rien! Si nous sommes en mesure de
communiquer très clairement avec l’esprit des animaux, nous détenons le pouvoir de changer la nature du monde qui nous entoure. En ayant tout ceci à l’esprit, nous comprenons mieux pourquoi il
est très avantageux pour nous de connaître notre animal gardien. L’une de mes enseignantes affirmait que tant que notre animal protecteur nous est inconnu, il a tout le loisir de se jouer de
nous. À partir du moment où nous découvrons son identité, nous pouvons entrer dans le jeu et nous amuser avec lui. Nous sommes alors en mesure de lui présenter des demandes et d’en voir les
résultats. En sachant à qui nous avons affaire, nous acquérons la capacité de jouir de ses qualités plutôt que de souffrir des tours qu’il nous joue pour attirer notre attention sur son
existence. L’animal totem, chez les Amérindiens, est l’être du monde animal qui nous ressemble le plus. Je ne parle pas ici d’une ressemblance physique, mais bien psychologique. Un de mes totems
est l’ours. Je remarquai il y a quelques années comment je suis comme l’ours. L’hiver j’ai tendance à m’isoler, à beaucoup dormir et je suis reconnaissant si je peux éviter de participer aux
fêtes de famille. Je suis souvent solitaire, bourru, avec un air revêche qui cache en fait une grande sensibilité et tendresse pour les êtres. Tous ces traits appartiennent à l’ours. Ainsi,
l’ours est parfois représenté ou présent dans la médecine et les symboles qui m’accompagnent. Cela me permet de mieux me comprendre et de me situer en me donnant des repères ainsi que des
responsabilités et des dons uniques et propres à ma réalisation en tant qu’Homme. C’est cette perception de nos liens profonds avec la nature et leur représentation artistique qui constituent le
symbolisme amérindien dont il est question ici. En réalisant ces symboles sur des objets avec lesquels nous sommes en contact quotidien, nous favorisons l’activation des talents et des
potentialités de réalisation inhérentes à notre être.
Demain: comment trouver l'animal totem.
[1] Ce que nous, Amérindiens, appelons une médecine, gagne à être compris. Le mot « médecine », dans le vocabulaire amérindien, est utilisé pour désigner
quelque chose, quelqu’un ou des circonstances qui servent de conduit de communication entre le monde visible et le monde invisible. « Médecine » signifie à la fois image, mystère et magie.
Ainsi, une pierre peut être médecine si elle canalise certaines énergies ou si elle représente une forme-pensée spirituelle. Le chant et la danse sont « médecines » lorsqu’ils sont utilisés
pour guérir ou dans les cérémonies. La plume d’aigle est une grande médecine car elle symbolise la prière qui s’élève très haut vers le Créateur, et aussi la vérité, l’autorité, la fierté, la
rapidité, la clarté de la vision et le message du Divin.