Templemars, la Kapisa et nous

Voici ce que j'ai déclaré ce matin au monument aux morts, à l'occasion de la fête nationale 2011.

Au printemps 1789, une grande agitation règne à Paris. Les Etats Généraux ont refusé de se dissoudre et se sont transformés en Assemblée nationale constituante. En juillet, le roi Louis XVI fait venir de nouvelles troupes et renvoie Necker, ministre populaire. Le matin du 14 juillet, le peuple de Paris prend des armes aux Invalides puis se dirige vers la vieille forteresse royale de la Bastille. Après une fusillade sanglante, les insurgés délivrent les quelques prisonniers qui y étaient enfermés.

La prise de la Bastille est une première victoire du peuple de Paris contre un symbole de l'Ancien Régime. L'édifice est d'ailleurs intégralement démoli dans les mois qui suivent. La "fête de la Fédération", le 14 juillet 1790 célèbre en grande pompe le premier anniversaire de l'insurrection.
C’est Gambetta, qui cherche à célébrer les fondements du régime, et relance en 1880, sous la IIIe République, les festivités du 14 juillet. L'accent est mis sur le caractère patriotique et militaire de la manifestation, afin de témoigner du redressement de la France après la défaite de 1870.

Après l'austérité de la guerre de 1914-1918, le 14 juillet 1919 est une grande célébration de la victoire. Dans le même esprit, le 14 juillet 1945 est précédé par trois jours de réjouissances civiques.

Notre fête nationale aura donc survécu à trois guerres dont deux conflits mondiaux, et bien sûr, la France d’aujourd’hui n’a que peu de choses à voir avec ce qu’elle était en juillet 1790. Notre pays a traversé de nombreux cyclones. Il a notamment durant ces trois siècles connu la colonisation puis la décolonisation, dont témoignent les départements et territoires d’outremer et que nous célébrons tout au long de cette année 2011.

C’est pourquoi le traditionnel défilé des Champs Elysées est cette année aux couleurs de l’Outre-mer. Des soldats de la Caraïbe, du Pacifique et de l’Océan indien ont contribué à libérer le territoire national et nous leur devons une affection toute particulière.

Et comment ne pas rappeler en ce jour que les soldats français sont présents sur plusieurs terrains  d’opérations extérieures, en Afghanistan, en Lybie, en Côte d’Ivoire, dans l’Océan Indien. Les derniers jours ont d’ailleurs été particulièrement meurtriers pour ces jeunes militaires engagés sur des conflits que nous souhaitons tous voir se régler par la diplomatie et la négociation.

La guerre, c’est toujours l’échec de la diplomatie, et je pense que tous ici nous pensons que cela doit être la solution ultime. Nous souhaitons notamment que le conflit afghan se règle autrement que par la voie des armes, épargne nos militaires, évite les prises d’otage dont Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier viennent de sortir après 547 jours de captivité. Mais aujourd’hui, nous pleurons les 70 soldats français tués en Afghanistan depuis 2001, dont six nouvelles victimes hier et aujourd’hui, dans la province de Kapisa.

Le 14 juillet, nous fêtons notre indépendance, la constitution de la France en nation, et nous rendons hommage à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour en assurer les valeurs.

A Templemars, nous tenons également à rendre hommage aux victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et aux « Justes de France » qui ont protégé des personnes menacées par le régime de Vichy et les autorités allemandes d’occupation durant la dernière guerre mondiale.

Nous sommes attachés à notre pays, notre terre, notre village. En ce jour de fête nationale, nous voulons nous remémorer les raisons de cet attachement. Pensons alors plus particulièrement à ceux dont le sang a coulé pour entretenir ce patrimoine qui nous est si précieux.

Aujourd’hui comme hier, ces mots ont un sens : la liberté, l’égalité, la fraternité sont des valeurs pour chacun de nous dans notre vie.

La fête nationale nous invite à nous y référer. Pensons-y.