Magazine Humeur

642 - dsk

Publié le 16 juillet 2011 par Jissey

642 - DSK 500

Si les images de DSK, présenté devant la justice comme un citoyen lambda, ont tant choqué la classe politique en France, c’est qu’en France un puissant n’est pas toujours traité comme un citoyen lambda. Si les images ont choqué, c’est qu’elles ont brisé un tabou, et que chacun de ces citoyens d'exception, a pu s’identifier. C’est le principe psychologique du transfert. Les Etats-Unis sont aussi un pays de droit, où même les puissants peuvent terminer leur vie derrière les barreaux. Madoff en sait quelque chose. Et ce que met en lumière l’affaire Strauss Kahn, ce n’est pas la différence entre deux systèmes judiciaires, l’un américain et l’autre français. C’est le doute qu’il puisse exister au plan médiatique comme au plan judiciaire, deux traitements différents. L’un réservé à une élite, et l’autre aux citoyens lambda.

Si les images de DSK, présenté devant la justice comme un citoyen lambda ont tant choqué la classe politique en France, c’est qu’en France un puissant n’est jamais traité comme un citoyen lambda, justement.

Si les images ont choqué nos hommes politiques, c’est qu’elles ont brisé un tabou, et que chacun de ces citoyens d'exeption, a pu s’identifier. C’est le principe psychologique du transfert. Ces hommes politiques qui ont souvent eu affaire à la justice, mais qui s’en sont souvent tirés à bon compte, se sont vus à la place de Dominique Strauss Kahn, mal rasé, chemise sale, menotté et présenté à un juge comme un citoyen ordinaire. Une image qui a produit la même onde de choc que celle du versaillais jeté à la vindicte populaire sur l’esprit de l’aristocratie du 18ème siècle.

Or qu’en est-il concrètement en France si quelqu’un porte plainte pour tentative de viol contre vous ? Et bien, il suffira dans un premier temps d’un seul témoignage pour que vous soyez placé en garde à vue. Vous êtes alors fouillé jusque dans vos parties intimes et menotté. A la suite des 24 heures de garde à vue dans un commissariat où vous êtes généralement traité comme un coupable, vous serez transféré au « dépôt ». On peut vous y garder légalement 24 heures de plus. Et vous comparaissez sans avoir dormi, sale, mal rasé, devant un procureur qui peut vous envoyer directement devant un juge, en comparution immédiate. Est-ce vraiment différent ? Non, c’est ce système français qui envoie chaque année des innocents en prison, souvent des gens pas très instruits, dont personne ne parle, sauf quand la presse se saisi de l’affaire… souvent des années trop tard… comme dans le cas d’Outreau.

Oui, on a vu Monsieur Strauss Kahn menotté sur les écrans de télévisions du monde entier. Mais un tel traitement, avec pour conséquence, un procès ultra médiatisé et donc plus ou moins équitable, ne vaut-il pas mieux qu’une discrète condamnation qui vous envoie dans une prison française pendant huit ans sans que personne ne s’en émeuve ? N’est ce pas cela la démocratie ?

Car, Monsieur Strauss Kahn, si tant est qu’il soit innocent, rappelons-le, a tout de même eu un rapport sexuel avec la femme de ménage de cet hôtel, cela est confirmé par les prélèvements ADN, et celle-ci l'accuse de viol… après que des accusations de la même nature aient été portées contre lui…il y a des années dans une autre affaire. Que penserait-on du cas d’un citoyen lambda dans la même situation ?

Mais revenons à nos innocents. Combien d’hommes politiques se sont scandalisés de ces inconnus dont la vie à été brisée par des procureurs zélés qui n’ont instruit leur affaire qu’à charge en France ? Et combien de Bernard Henri Levy pour s’en offusquer ? Je serais curieux de savoir ce que pensent ces innocents qui ont passé huit ans de leur vie en prison quand ils entendent Madame Eva Joly déclarer à la télévision qu’en France on instruit à charge et à décharge — contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis !

Oui, les Etats-Unis sont un pays de droit, où même les puissants peuvent terminer leur vie derrière les barreaux. Madoff en sait quelque chose. Et peut être serait-il intéressant de se demander justement, ce qu’il serait advenu d’un cas Madoff en France ? S’il n’aurait pas suivi de même chemin judiciaire qu’un autre Bernard à qui Christine Lagarde vient d’accorder 250 millions d’euros, sans doute en dédommagement de l’année de prison qu’il a du purger.

Non, ce que met en lumière l’affaire Strauss Kahn, ce n’est pas la différence entre deux systèmes judiciaires, l’un américain et l’autre français, comme le prétend Eva Joly et d’autres commentateurs, dans l'erreur ou de mauvaise foi. C’est l’existence de deux « systèmes judiciaires » dans notre pays. L’un réservé à une élite, et l’autre aux citoyens lambda.


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine