Y a deux jours, aux courses, j'ai fait l'acquisition de trois bons gros litres de bière et d'un cubi de rouge, en prévision.
Quatre ans. La fontaine, Fullum, l'orage, les patins, le parfum de ton corps dans mes draps, le voisin qui se plaint que je me ris trop, les zigomatiques douloureux, les promenades étourdissantes, le vent qui rabat sur toi bisous et ondes et lumière, tout, tout, tout. Toi, mon amour.
Quatre ans ? La fuite, la défaite, la retraite, la poitrine décousue, les organes ouverts, les tombereaux de lymphe qui giclent, l'hébétude, la stupeur, la presque inénarrable humiliation. La folie, la déchirure, l'expulsion. Quatre ans, le gamin évaporé, la descendance enfouie, les amours chéries au fond des mers, ensevelies, diluées, dissolues. Le ratage grandiose, le crash en bout de piste, le sourire azoté sur la gueule qui fendille et s'émiette comme un pétale en novembre. Boum. Crac. Adieu tout.
Inutile de me faire signe aujourd'hui. Je suis au fond de moi. Je passe derrière la lune. Incomunicado. Face cachée. Demain ça sera le reste de l'année pour 364 jours. C'est rien. J'ai fait bien pire. J'ai escaladé les Alpes et les putain de Carpates, moi, nom de dieu. J'ai traversé le Zeeland bridge avec un vent de face de 150 km/h ! Alors une courte journée par année, je gère. Hop ! Petit plateau, grand pignon, on grimpe et on respire dans la douleur. Ouf, ouf, ouf.
Yeah.Il y aura une aube, non, eh, Simone ?!On verra ?On aura beau voir. Moui. L'aube viendra. Ou bien ?!
—© Éric McComber