La même semaine, j’ai fini de lire deux livres sur la relation avec un parent (père-mère) disparu. C’est un peu par erreur que ça s’est goupillé (enfin, vu que c’est chez le même éditeur, n’était-ce pas un peu voulu ? après tout un écrivain peut revenir plusieurs fois sur le même thème, pourquoi un éditeur ne le ferait pas non plus ?) J’avais au moins une trentaine de romans en attente (oui, mais les Arsène Lupin, ça se lit vite
Le Mal de Père de Jean Cléo Godin et La tache originelle de Noël-Henri Montgrain
Le mal de père d’abord : le récit d’une vie (celle de l’auteur) où le père est absent. Et donc difficulté de se placer soi-même en tant qu’adulte, qu’en tant qu’homme et que père (et même professionnellement…).
J’avoue que j’ai eu du mal à le finir. Non pas que c’était inintéressant, juste que c’est le récit d’une vie. Il s’agit plus d’une succession d’épisodes marquants, parfois amusants, mais le plus souvent teintés de nostalgie. Et moi, j’attends plutôt une intrigue, une histoire, un but… Du coup, un jour, j’ai dû l’abandonner pour lire un autre texte et je l’ai oublié (au point que le marque-page numérique a été supprimé sans doute lors de l’un de mes rangements de bibliothèque numérique
Je l’ai oublié donc, jusqu’à ce que je lise La tache originelle. Là, il s’agit d’une fiction, avec une intrigue et (aussi) beaucoup de réflexions. J’avoue que le côté psychanalyse m’a laissé dubitative (c’est comme une amie kinésiologue qui me dit que tout ce qu’on a vécu reste ancré dans le corps… surtout le psychologique, j’ai toujours du mal à l’accepter. Suis trop terre à terre, moi !), mais ça se laisse lire. En fait au début, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire : le style était trop ampoulé. Et puis ça c’est allégé et l’intrigue m’a prise. Finalement, l’histoire (un psychanalyste qui perd sa mère et apprend le secret qu’elle cachait, ainsi que les relations avec ses patients – tous ont un problème avec leur mère… ben oui, c’est de la psychanalyse
Après, j’ai eu du mal avec certaines références purement québécoises (qui n’empêchent pas de comprendre les intrigues, mais j’aime bien TOUT comprendre, alors y’avait pas mal de références historiques totalement obscures pour moi, ça me frustre toujours un peu… surtout quand t’es en vacances et que t’as pas internet !!!)
Alors finalement ?
Le mal de père devrait plaire à des gens qui ont aimé La promesse de l’aube de Gary (pas tout à fait pareil, mais on retrouve la mère courage, et le côté réflexion sur la relation mère-enfant-père absent). Je l’ai déjà dit, La Promesse de l’Aube m’a ennuyée (plus par le côté répétitif du
« j’aime ma mère plus que tout, elle m’aime plus que tout, mais ce n’est pas malsain » que par le reste, je n’arrêtais pas de penser « Mais c’est bon, on a compris ! Si tu pouvais passer à l’histoire, ça serait bien » ) La relation n’est pas la même du tout : Gary fils unique pourri gâté dans une relation de « couple », là Godin est l’avant dernier enfant d’une famille nombreuse et la mère se sacrifie certes, mais jusqu’à un certain point seulement et n’a pas le côté omniprésent envahissant de celle de Gary. Elle vit en dehors de lui. Et le père absent prend de la place… ou en fait, garde sa place quand il disparaît. C’est sans doute pour ça que je suis allée au bout du livre : une relation saine. (On m’enlèvera pas de l’idée que Gary avait un sérieux problème avec sa mère… Le genre de parent tout-puissant qui étouffe énormément les enfants au lieu de les laisser grandir à leur guise, ça m’horripile toujours)
La tache originelle est une bonne fiction. Bon, la fin est énorme comme un mammouth dans un bloc de glace au fond d’une cave de Khatanga, mais ça n’empêche que ça se lit bien, y’a de l’humour(un peu), de l’amour (et son trio envie-jalousie-désir) et c’est le genre de fin heureuse qui devrait plaire à idMuse (le genre qui se résout tout seul et tout bien pour que tout le monde soit heureux à la fin