Quant à l’envieux, tu auras du mal à apaiser sa
tristesse, car ce qu'il regarde comme son malheur, c'est cela même qu'il envie
en toi ; et pour l'apaiser, pas d'autre moyen que de dissimuler. Mais si ce qui
l'afflige est utile à beaucoup, quel parti prendre ? Évidemment, celui du grand
nombre, sans négliger l'isolé, autant que faire se peut, ni se laisser rebuter
par la malice de sa passion, car ce n'est pas à la passion, mais à l'homme
passionné que tu viens en aide. A force d'humilité regarde-le comme supérieur à
toi-même ; de tout temps, en tout lieu, en toute affaire, donne-lui la
préférence. Quant à ton envie à toi, le moyen de l'apaiser, c'est, voyant dans
la joie celui que tu envies, de te réjouir avec lui et, le voyant peiné, de
t'affliger avec lui, pour accomplir la parole, de l'Apôtre : Se réjouir
avec ceux qui se réjouissent, pleurer avec ceux qui pleurent (Rom
12,15).
Maxime le Confesseur : Troisième
centurie