Ôde à l'homme de ma vie

Publié le 20 juillet 2011 par Bizz
Il y a 5 ans, on s'est croisé dans un bar. J'avais même pas vingt ans, toi tout juste vingt-quatre. On ne s'était jamais vu et pourtant, on avait grandi tout près l'un de l'autre. Moi, je t'ai trouvé beau. Vraiment beau. Je t'ai vu de loin et je me suis penchée vers ma grande amie pour lui dire qu'il y avait un «méchant beau gars» qui venait d'entrer. À côté de toi, il y avait le nouveau copain de cette grande amie. Mon coeur s'est emballé, un peu, pas trop, juste assez: on partageait le même cercle d'amis, on allait donc se revoir. Avant même que tu sois arrivé à la même table que nous, j'ai appris que tu étais en couple. Dans ma tête, affaire classée: bel homme en couple égale pas touche. Tant pis, je suis allée danser.
Des semaines plus tard, je t'ai revu. Dans le garage du nouveau copain de ma grande amie. Je t'ai trouvé encore plus beau que la première fois. La fossette sur ta joue, tes yeux bleus. Ce qui se dégageait de toi, ton rire. Tu racontais des blagues, tu faisais rire tout le monde. Je voyais bien que tu étais très apprécié. Je t'ai entendu parler de ta blonde deux ou trois fois. Je me suis dit qu'elle était chanceuse. Dans ma tête, toujours affaire classée: tu étais en couple et je ne suis pas une briseuse de couple. C'était en début de soirée, on discutait tous des plans pour plus tard. Certains voulaient aller dans un bar, d'autres pas. J'ai proposé qu'on aille tous chez moi faire un feu. Tu as ri quand j'ai dit où j'habitais: un rang de terre, perdu dans le bois. L'idée a plu de façon générale, on a tous pris la route vers mon petit rang. Autour du feu, on refaisait le monde. Tu as encore parlé de ta blonde. Je suis allée chercher du bois. À mon retour, tu avais toute la fumée sur toi. Je t'ai raconté mon truc pour chasser la fumée. Tu as ri et tu as dit: «T'es drôle». Avec dans les yeux une drôle de lueur. Encore aujourd'hui, c'est la même lueur qui brille dans tes yeux quand tu me dis: «T'es drôle Bizz.» J'ai compris plus tard que c'était de l'amour, cette lueur.
J'ai offert à tout le monde de dormir à la maison. Plusieurs avaient trop bu pour reprendre la route. Les chambres de mes soeurs se sont remplies, la mienne aussi. Il ne restait que deux places, dans la tente. On y a dormi tous les deux. Chacun sur notre matelas, je précise. Je me suis endormie rapidement. J'ai su plus tard que tu m'avais regardée dormir. J'espère juste que je n'ai pas bavé sur mon oreiller.
Le lendemain, on est tous allé à la plage. Une belle journée d'été.
Qui s'est mal terminée. À l'hôpital, après un accident d'auto qui a failli coûter la vie à ma grande amie et moi. Heureusement, on s'en est tirée. Amochées, mais en vie. Les jours qui ont suivi, tu m'appelais pour savoir comment j'allais, ce que le conducteur n'a même pas été foutu de faire. Quand j'ai dit que j'avais peur maintenant de m'asseoir dans une voiture, tu as proposé de me faire une thérapie. Tu es venu me chercher et tu as roulé doucement, à peine 30 km/h, en partie parce que j'avais peur, mais aussi parce qu'avec mon carcan dans le cou, chaque trou dans la route me faisait souffrir. J'ai pensé que tu étais vraiment quelqu'un de bien et que ta blonde avait beaucoup de chance. J'ai su plus tard que c'était fini avec ta blonde, votre couple était en déclin depuis un moment.
Un soir où tu étais venu m'aider à préparer mon souper, parce que j'étais seule à la maison, tu m'as dit que tu m'aimais. Je n'ai rien répondu, j'étais trop surprise: dans ma tête, c'était affaire classée depuis le début. Devant mon silence, ton visage s'est teinté de désarroi. Tu m'as dit: «Est-ce qu'il faut que je me mette à genoux pour que tu saches que je t'aime?» J'ai ri. Je t'ai demandé du temps. Parce que je m'imaginais mal commencer une relation de couple dans l'état lamentable où j'étais. Parce que je ne savais même pas si j'avais le temps d'être amoureuse. Surtout parce que je n'avais pas envie d'être ta «transition».
Au bout d'une semaine, j'ai flanché. Je t'ai embrassé. Je t'aimais tellement.
La première semaine, on a vécu d'amour et d'eau fraîche. Au propre comme au figuré.
La deuxième semaine, on parlait des prénoms que porteraient nos enfants.
La troisième semaine, on savait déjà qu'on passerait notre vie ensemble.
La quatrième semaine, on emménageait ensemble. Malgré les avertissements de nos parents et amis.
Cinq ans plus tard, après des tempêtes et des accalmies, des moments plus difficiles et des grands instants de bonheur, on s'aime encore. Différemment. Profondément. Éternellement.
Cinq ans, une maison, un enfant et demie plus tard, je suis certaine d'une chose:
Je t'aimerai toute ma vie, mon amour éternel.