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Incantations barbares

Publié le 20 juillet 2011 par Sophielucide

Tu épices une campagne imaginaire, au sommet de la montagne de sel surplombant l’horizon

Tes yeux décolorés de lectures qui te plombent sont le miroir d’émois contradictoires ;

Tes cheveux, champ de batailles que je voudrais gagner pour pouvoir les compter, un à un ;

Tes dents comme une muraille blanchie par trop de temps perdu, cloître cerné de  meurtrières.

Tes lèvres, barrière de corail au son mélodieux,  fossile renfermant un trésor que je suis seule à entendre.

Ton cou, socle tendu d’un visage qui se dérobe et  m’enrobe, se détourne, me retourne, et fait tourner ma tête en mille torts et colis anonymes.

Tes deux oreilles, au creux desquelles je pourrai chuchoter ou chahuter, cachée dans ta toison charbonneuse pour enfin décoller cette cire assassine : entends !

Dès la nuit composée, je gonflerai mes voiles en taisant mes vapeurs, ombre parmi les ombres, je volerai au vent propice qui connaît ton adresse.

Toi, rebelle, mon compagnon de vice et de fortune, tu m’ignoreras.

Avec moi, en moi et par delà les artifices !

Feux follets virevoltants, insouciants des orages et des sécheresses, incorruptibles aux diktats et à ses éléments, nous aimerons aussi les aurores cruelles et le crépuscule repoussant.

Bombe à retardement, tu armes la goupille ; me voici consentante à cet argument

Vérité rejetée, écartée, contrecarrée, annihilée, rien n’y a fait, je suis ce fil de rien, de barbelé ou de jasmin, ou bien Mensonge peut-être mais qu’importe !

Puisque j’ai décidé ! Abandonné ! Délesté mes erreurs de grotesques précautions

Qui ne valent rien : censées me protéger, elles m’ont engloutie et je ne vois plus rien…

Que toi qui t’esquives depuis l’éternité de serrements dispensés de tant de probité.

Qu’on me donne du vin ! Que je boive jusqu’au matin, qu’il me fasse retenir et mes malices et mon chagrin…. !

Je ne vaux rien dans la souffrance, rien de plus qu’un automate

Meilleure dans le combat de drôles d’idées qui germent en fulgurances, meilleure dans la joie de voir naître sous mes doigts le portrait du dernier homme qui n’est pas un robot.

Meilleur du meilleur, miel d’un mot nouveau qui fond dans le nuage chassé par la tramontane qui arrive jusqu’à toi ; soleil d’une embolie parfumée à l’anis, sable fin dans ma sandale, là partout, toujours, même de l’autre côté de l’Atlantique, même dans un désert articulé par le néant abrutissant. Ton odeur que je reconnaîtrai entre mille !

Jardin cloisonné, défendu, condamné, la vie y pousse tout de même, malgré toi et grâce à toi ; j’ai fleuri tant d’idées qu’elles m’ont absorbée, qu’elles m’ont résorbé même, j’avais le poing fermé sur ces graines, je pensais qu’il suffisait de simple volonté….

C’est comme un barrage contre le pacifique que tu personnifies, une basse rage de n’y être pour rien, mais un immense soulagement de ne savoir rien, de ne rapporter rien, de me dissoudre dans ce rien;

Rien n’y fera, j’suis bonne à rien, c’est un bonheur !

Honneur ultime de me contenter aussi de ce rien qui bout, qui bout, qui s’évapore et qui m’échappe en effluves assassines….Viens !

Je ne dirai plus rien, j’attendrai ton éveil,

Alors, enfin, je recueillerai ce sel dont je ne sais me passer, que tu es seul à créer.

Seul !

Sel

SL.


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