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Animal kingdom

Publié le 21 juillet 2011 par Acrossthedays @AcrossTheDays

ANIMAL KINGDOM

Lugubre, sombre, déroutant, incestueux, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier « Animal Kingdom ». Sous le soleil crasseux de Melbourne, David Michôd suit, pour son premier film qui sort mercredi dans les salles françaises, la descente aux enfers d’une famille en apparence civilisée. Cette dernière est pourtant violente, composée exclusivement de braqueurs et de dealers plongés à corps perdus dans les affres du crime. Il en était pourtant un qui restait innocent, loin de toute cette agitation puérile et mortifère : Josh.

Josh est un ado transparent et il vient de perdre sa mère sur son canapé après une overdose. Le temps que les infirmiers débarquent, il mate nonchalamment un jeu télévisé. Ambiance. Esseulé, il est alors happé par un foyer qu’il connaît mal mais dont les contours rugueux lui sont familiers. Un véritable état de nature décrit par « Animal Kingdom » où seuls ceux qui sont armés vivent. (Voir la bande-annonce)

Le regard des délinquants : un parti pris osé

Loin des maisons victoriennes et des jardins anglais reposants, « Animal Kingdom » dessine la surface pesante et angoissante de la ville de Melbourne. En contrepoint des scénarios attendus de « blockbusters » contant les combats flics-bandits à coup de C4 à tous les coins de rue, David Michôd pose sa caméra sur une famille de délinquants en proie aux flammes. Comme poussé dans une fosse aux lions, Josh tombe dans une jungle où la violence est reine et où le cœur n’a aucune foutre idée de ce que peut bien être la raison. Rien n’échappe au réalisateur, qui colle patiemment à ses personnages par l’intermédiaire d’une mise en scène efficace.

Le but n’est pas à la surenchère matérielle. Il est à une mascarade humaine, dégoulinante, non de sentiments héroïques sur l’autel du manichéisme, mais de sacrifices, de fidélités, d’une vengeance sourde et, surtout, des liens du sang.

Un film à récompenses

Premier film et première grande réussite pour un réalisateur jusque-là inconnu. Originaire de Sydney, David Michôd a réussi l’exploit de remporter dix récompenses (dont meilleur film, meilleur acteur, meilleure actrice) lors des AFI Awards, l’équivalent des César australiens.

C’est il y a neuf ans, après un déménagement à Melbourne, que le cinéaste a l’idée du scénario. D’apparence aussi placide que l’océan Pacifique, la deuxième ville d’Australie n’en est pas moins un lieu où les criminels, affichés en une des journaux, deviennent du jour au lendemain des stars, débarquant parfois même dans des émissions de téléréalité.

Neuf ans plus tard, et après un retour par la case Sydney, le réalisateur australien décide enfin de prendre la caméra. Avec succès : « Animal Kingdom » a reçu le Grand prix du Festival de Sundance en 2010 et le prix de la Critique internationale au Festival du film policier de Beaune 2011.

Une excellente distribution australienne

De cette fresque animale, chaque acteur porte comme un poids un destin fatal. On retiendra Ben Mendelsohn, au visage glacé et glaçant, qui joue le fameux oncle Pope. James Frecheville (Josh) en adolescent ténébreux à la carrure d’homme et dont les yeux suffisent à saisir toute sa détresse. Guy Pearce (« Le Discours d’un Roi »), en inspecteur, fait aussi partie du casting.

Mais la surprise n’est pas du côté des hommes, qui constituent la majorité des personnages de ce film. Elle se situe chez Jacki Weaver qui joue le rôle de Janine. A la beauté blonde et chatoyante, la mère de cet amas de muscle se révèle froide comme la mort, dirigeant sa famille avec une main de fer. Pour quiconque se mettra en travers son chemin, elle va jusqu’à se jouer de la police et tuer.

David Michôd, en dévoilant dès les premières minutes un tableau affublé de plusieurs lions, nous entraîne dans une cage pourtant vue et revue, celle de la violence. Aidé par la musique de l’excellent compositeur Anthony Partos, le cinéaste australien réalise son pari. Il nous scotche et nous emprisonne dans un film de genre à la fois hypnotique et sombre.

Voir l’article sur Rue89.

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