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Peut-on rétablir notre innocence ? (by Stefania)

Publié le 22 juillet 2011 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Fischli/Weiss Image from Visible World 1987 - 2001 © Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich © the artists

On est presque en temps de vacances, donc préparez-vous, dès la rentrée, à subir les milliers de clichés de vos copains qui, fiers d'eux-mêmes, vous soumettront leurs photos de vacances en Grèce, à Rome, à New York ou en Thaïlande. Cela vous est-il déjà arrivé ? Le faites-vous aussi quand vous rentrez ? Moi je le fais toujours (mais seulement avec mes parents), tout en sachant combien ça peut être ennuyeux et parfois même pénible.

N'ayant pas de photos de vacances à vous montrer pour le moment, je vous parle ici d'une installation du duo d'artistes Fischli et Weiss (que vous connaissez déjà bien sûr, grâce à un post sur les saucisses et un autre sur la Quadriennale de Düsseldorf) qui m'inspire aujourd'hui une réflexion, à mon avis, intéressante sur les images et le tourisme.

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Fischli et Weiss, Visible World, installation 1987-2001

Il s'agit de “Visible World”, un recueil de 3000 clichés exposés sur une table lumineuse et pris entre 1987 et 2001 par les deux artistes. Les photographies montrent des lieux très connus et touristiques, comme le Colisée, les Pyramides, la Tour Eiffel, des paysages tels que la mer des Caraïbes, la jungle, les montagnes suisses, le désert, les couchers de soleil... et des moments ou des endroits pas forcement très intéressants, prises par les artistes pendant 15 ans de voyages autour du monde.

A coté d'images très belles et classiques, on en trouve d'autres bien plus kitsch (des clichés « by night » par exemple), proches de séries photographiques prises dans les années 1970] (vous rappelez-vous de l'Ecole de Düsseldorf?).

Ma réflexion concerne d'abord la vision du monde que nous avons suite au tourisme de masse, à l'invasion d'images par les médias (à partir de la télé, en passant par internet jusqu'aux catalogues des voyages), à la perception du monde à travers la technologie (les photos prises par IPhone, par exemple), qui devient vite globalisée (la même photo de la Tour Eiffel prise par n'importe quel touriste avec toujours le même cadrage, par exemple).

 

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Fischli et Weiss, Visible World, installation 1987-2001

Quand j'ai voyagé pour la première fois à New York, j'avais l'impression d'avoir déjà été là-bas, d'avoir déjà tout vu, à travers les images de cinéma, les photographies des magazines (ou des copains), les émissions de télé... Mais, cependant, l'émotion a été forte.

Fischli et Weiss veulent nous montrer cela : quand on se trouve face aux Pyramides, peu importe si nous avons déjà vu mille fois cette image, nous restons la bouche bée face à cette merveille (et nous l'immortalisons avec notre appareil photographique pour, plus tard, la montrer à nos copains), parce que le lieu est magique et puissant.

Ils nous disent que les images sont certes très importantes et influencent notre perception, mais la vie (c'est-à-dire, être présent dans un lieu) l'est encore plus.

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Fischli/Weiss Image from Visible World 1987 - 2001

J'oserais ajouter, elles sont aussi dangereuses : grâce à la diffusion massive de la technologie n'importe qui peut prendre un cliché de ces lieux magiques et créer donc une image. Le résultat est une invasion de clichés. Ne risquons-nous pas une overdose d'images et donc une conséquente perte de valeur de ces dernières ?

Ne risquons-nous pas de perdre cette « innocence » dont les artistes parlent dans leur livre « Will Happiness Find Me? » face à ces paysages, comme face au Cervin (qui a été utilisé dans des innombrables publicités, par exemple) ?


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