Belgique: la fete et le sommet

Publié le 21 juillet 2011 par Neoafricain

 

Ce 21 juillet, le Royaume de Belgique célèbre l'anniversaire de son Indépendance et dans sa capitale se tient aussi un sommet de crise des pays membres de la zone euro.

Comme dans les meilleures pièces de théâtres, au-delà de l’unité du temps et du lieu, la trame de ces deux évènements est quasi identique : Comment et pourquoi vivre ensemble ?

Plus de quatre cents jours après ses dernières élections législatives, ce petit Royaume européen n’arrive toujours pas à former un nouveau gouvernement fédéral. La Belgique, divisée entre ses communautés et ses régions, peine à maintenir son unité. Les Flamands, qui sont les plus nombreux et les plus riches, ont une économie donne beaucoup de place au secteur privé et sont représentés par des partis politiques plutôt à droite très colorés par des revendications d’autonomie. Les Francophones sont d’avantage de gauche, avec un parti socialiste qui pèse près de 50% en Wallonie et un pourcentage élevé de chômeurs dans une économie toujours marquée par les grandes industries du passé. Le Nord est donc favorable à plus d’autonomie, plus de rigueur budgétaire, moins d’immigrés, plus de souplesse dans son économie et veut surtout que soit respectée sa langue néerlandaise. Le Sud francophone veut plus de solidarité entre les communautés, toujours plus d’aides pour les chômeurs et n’entend pas céder sur la langue française qui s’impose partout dans le pays. Comment tout ce beau monde pourrait-il s’entendre ?

Comparaison n’est pas raison, mais la crise de l’euro trouve elle aussi son origine dans les trop grandes différences des pays qui la constituent. Soyons clairs, je reste favorable au maintien de la monnaie européenne, qui est une sorte de référence dans le monde financier au moment où le dollar n’inspire plus autant confiance, à cause des errements de la politique économique et budgétaire de l’actuelle administration américaine. Le franc, la peseta, la lire, le florin, le franc belge et le deutsche mark avaient beaucoup de charme et chacune de ces monnaies correspondaient à l’histoire de ces pays. Mais à l’heure de la mondialisation, il y a une vraie logique et un intérêt certain à s’unir pour ne pas être écrasé par de grands ensembles. Sans compter la dévaluation dévastatrice qui frapperait les pays qui oseraient envisager d’abandonner l’euro.

Ceci dit, pour que l’ensemble tienne, il faut de la convergence et de la rigueur !

L’unité monétaire ne pourra se maintenir dans cet ensemble hétéroclite dont certains pays laissent impunis les citoyens qui ne paient pas impôts et les gouvernants qui trichent sur les comptes publics ; et d’autres pays qui ne refusent tout budget en équilibre parce qu’ils préfèrent toujours octroyer de nouvelles aides et de nouveaux avantages à leurs électeurs afin d’éviter tout conflit social. Heureusement pour la monnaie, il y a tout de même des pays vertueux et responsables qui évitent de laisser trop de dettes aux générations futures, et qui s’efforcent de réaliser les réformes nécessaires pour que leur économie reste compétitive. Dans cette disparité de caractères, de cultures et d’objectifs ; pas facile de s’entendre à 17 !

En fin de journée, j’apprends que le sommet de crise sur l’euro a accouché d’un nouveau plan d’aide à la Grèce qui coutera encore 130 milliards d’euros… Les bourses européennes peuvent crier « ouf », et les pays en crise peuvent remercier l’activisme du couple franco-allemand.  On apprend aussi que huit partis politiques belges ont accepté de négocier la formation d’un gouvernement… Rien qu’à voir les forces en présence, on comprend que ce sera une sorte de gouvernement de crise avec des Socialistes, des Ecologistes, des Libéraux et des Démocrates-Chrétiens !

Ce sont certes des avancées dans les deux cas, mais elles me semblent davantage être de l’ordre du sursis. La seule question qui vaille reste ouverte : les communautés de cet Etat d’une part, et les pays de cette zone monétaire d’autre part ont-ils tous le courage et la volonté de faire les efforts suffisants pour rester ensemble ?