Sacré Hauter ou la sociologie knock out

Publié le 22 juillet 2011 par Juval @valerieCG

(mon titre comporte une référence de foufou).

Dans son article Sacrées parisiennes, dont le titre seul aurait du nous mettre la puce à l’oreille (personnellement, je n’emploie l’adjectif  sacré qu’à destination unique des enfants de moins de 5 ans qui ont volé un bonbon), François Hauter dresse le portrait des femmes françaises.
Que dis je ; de la femme parisienne, rive gauche qui s’habille en Dior. Oui en gros il parle de deux personnes.

Hauter aimerait bien parler féminisme, sociologie, droits des femmes, mais il faut bien reconnaître qu’il n’y comprend pas grand chose. Et puis la mode et les cancans c’est quand même plus rigolo et c’est parfait pour l’été entre deux coupettes amenées par ce si chââârmant serveur.
En plus les portraits ciselés au vitriol ca marche bien depuis 1925 pas de raison que ca change. Une citation de Guitry et hop roule ma poule tu emballes le lectorat habituel tout prêt à réagir sur les femmes afghanes en burqa « une horreur, Charles-Henri, une horreur. Des sauvages. Et impossibles à civiliser en plus » mais beaucoup moins sur l’inégalité salariale en France « entre leurs sautes d’humeur, les grossesses, et le reste, il faut tout de même admettre, Charles-Henri qu’elles sont mieux chez elles. Et comme je le dis toujours, si elles ne sont pas contentes, qu’elles aillent en Afghanistan ».

Une fine observation historique et sociologique nous permet de comprendre que « cette conception matriarcale de l’organisation sociale (…) désormais s’impose dans le monde occidental et moderne. Sauf en France« . Peu importe le rapport de l’ONU femmes, peu importent les inégalités salariales, les violences sexuelles et conjugales, la non répartition des tâches ménagères, le travail invisible, les femmes gouvernent le monde occidental et moderne. Dire que j’aurais pu naître en Italie, ce pays occidental et moderne et matriarcal. Oui c’est matriarcal ! N’allez pas le nier ! La mama qui te sert les pâtes, des fois, elle crie ! Et elle veut même pas que tu aides à faire la vaisselle ! C’est dire si elle a le pouvoir !

Dominé italien dont l’amertume, la perte de repères et de valeurs traditionnelles se lisent sur les traits tirés

La différence salariale entre un homme et une femme dans l’union européenne est évaluée à 17,5 % . Aux Etats-Unis, ce paradis matriarcal, on est encore loin de l’égalité parfaite (bon je pinaille, je pinaille, je ne suis jamais contente) et si l’on s’en rapproche c’est aussi parce que les hommes ont été davantage touchés par la crise. Mais on ne peut que se réjouir de ce charmant nivellement par le bas.
S’il y a bien une certitude que le gen de droite a, c’est qu’il est dirigé par une femme noire lesbienne juive et franc-maçonne. (encore une fois sauf en France, du moins pour la femme ; le reste on n’est pas trop sûr)
J’ai pourtant un petit bémol à apporter aux recherches intensives visiblement faites avec le plus grand soin par Hauter. Il dit : « Mais dès qu’il s’agit d’égalité des sexes, le Forum économique mondial place notre pays à la quarante-sixième position, loin derrière tous les pays européens, les États-Unis et la Russie ! »

Le matriarcat en marche


Je comprends l’enthousiasme primesautier mais je pense qu’une 45eme place pour la Russie ne met pas la France « loin derrière« .
Par ailleurs il me semble que l’Italie (74eme place), la Grèce (58eme place), la Bulgarie (50eme) , la République tchèque (65eme) , l’Estonie (47eme), la Hongrie (79eme), Chypre (86eme), la Roumanie (67eme) et la Slovaquie (71eme) font partie de l’Europe même si je comprends que les faits, assez récents, aient pu lui échapper.

Bon AU FOND si on réduit l’Europe à 18 pays, on colle pile poil à sa théorie et ça reste l’essentiel.

Note ; je crois que je fais au fond partie de la catégorie femme dite « bourgeoise » qui « est assommante, elle vous contredit sans cesse« . C’est-y pas qu’on jour j’exigerais des preuves ! On leur donne ça et elles veulent ça, je te dis.

La thèse « ou comment le monde occidental moderne est devenu matriarcal sauf la France » est d’importance et je peux comprendre les quelques libertés avec les faits d’autant que l’on est, sauf erreur malencontreuse de ma part, dans la chronique d’été et pas du tout dans un article journalistique fouillé. Cela n’est pas comme si on était tenu à une quelconque rigueur.

Mais pourquoi, vous demandez-vous, haletants, la France est-elle aussi en retard face aux merveilles féministes que sont les Etats-Unis ou la Russie ?

Une image.. qui en dit long (là j’ai cligné de l’oeil pour faire style « On se comprend » donc vous faites comme si vous aviez compris).

En France ou le lobby gay règne, les homosexuels n’hésitent pas à se moquer des femmes tel « un John Galliano, militant gay, a pu, des années durant, transformer les femmes en perruches grotesques »
J’ai certes tenté de chercher le rapport entre l’homosexualité de Galliano (qui lui fait haïr les femmes ?), les goûts personnels d’Hauter en matière de mode, l’inégalité salariale des femmes et les mères célibataires et je vous avoue que je n’ai pas trouvé. Peut-être y-a-t-il une sorte de lobby homosexuel qui gouvernerait la France et ridiculiserait les femmes en les vêtant mal afin que la caissière lorsqu’elle se pointe à un temps partiel chez carrefour habillée d’un boléro Dior se voit refuser son augmentation ? Toute théorie sera bonne à prendre.

C’est ça qu’il y a de si sympathique avec les « questions féminines », on pourrait s’enquiquiner à parler égalité, salaires, violences alors qu’il est tellement plus sympathique de parler mode et Hédiard. Oui c’est toujours la même chose quand on me parle smic et autres billevesées, j’ai le foie gras qui se coince. Je digère mal et je n’incarne plus l’élégance parisienne.

Hauter a bien quelques notions féministes  » Les revendications des Françaises sont qualifiées de féministes, c’est-à-dire dépassées. Elles sont traitées avec une bienveillance paternaliste. Ou tournées en ridicule. » « Dans les réunions de cabinet ministériel auxquelles j’assiste, j’observe les jeunes femmes : elles minaudent souvent, passent de petits billets à leurs collègues masculins, jouent aux petites filles. » mais il les assume assez mal.
Comme beaucoup de choses – les droits de l’homme, l’imposition, la justice –  le féminisme c’est bien quand c’est ailleurs  »Elle paie cher un demi-siècle de révolution ratée, durant lequel, au lieu de s’organiser pour obtenir des résultats concrets à l’égal des Allemandes ou des Américaines ».
En gros l’égalité oui mais pas chez nous. Ou l’égalité oui mais comme je veux (ô doux refrain connu).
Et surtout pas, par exemple en menant des combats débiles tels que « Comme l’utilisation du fil dentaire après le brossage du soir. Ou la création d’un État palestinien. »
Ou encore l’égalité oui mais à la française. En Cardin et pas en hommasse dégénérée qui penserait à prendre la parole.

Car il faut bien reconnaître que « la Française a traîné les hommes dans la boue, au prétexte que ces messieurs la prenaient pour un simple objet sexuel. »
Ce couplet revient tellement souvent – sans jamais aucune source – que je finis par me demander s’il n’y a pas là un fantasme caché. je dois pouvoir dégoter quelques adresses de clubs privés où l’on se fera un plaisir de vous marcher dessus ; si intéressés, dites moi.

D’un coup j’ai compris le drame vécu par Hauter « Triste bilan : cette irrationalité des très confus « combats féministes », menés par une bande de sottes travaillant dans la presse, n’a rien donné, pour atteindre la parité hommes-femmes en France. »
Ses conseurs l’emmerdent. On aurait tout pu résumer en un « elle m’a piqué le dernier saucisses puée à la cantoche et je me venge ».
Pourtant laissons lui le bénéfice du doute. De qui donc veut il parler en parlant de « féministes dans la presse ». Qui sont-elles ? Elles, inaptes à faire plier quelques petits partis politiques sans pouvoir qui préfèrent payer des amendes plutôt que d’appliquer une loi ? Des incapables, vous dis-je.

De la servitude volontaire ou « Mais c’est que t’aimes ca ma salope ».

Hauter aborde alors un point de vue très original ; la question de la responsabilité « Jusqu’à quel point les femmes sont-elles les responsables de cette situation ? Personnellement, je crois qu’elles le sont entièrement. »
C’est une théorie d’ailleurs assez originale et rarement envisagée sous cet angle et qu’on pourrait appliquer, je pense, à pas mal de cas ce qui nous rendrait la vie un peu plus agréable. On oublie assez souvent que, s’il y a des inégalités c’est qu’on les a souvent méritées.