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Un rendez-vous

Publié le 24 juillet 2011 par Adamante

 

Qu'est-ce qu'un poème ?

C'est du rêve tissé de vrai

Du vrai tissé de rêve

Avec juste une once de faux parfois pour donner un peu de relief au voyage.

Voici un long, long, long, poème que je dédie à Anne. Adamante


pavot-californie-10

J'aime ce pavot offert par Toun, j'en use et en abuse...

Le temps est lourd

Mon bol de café vide

Et le ciel gris

J’ouvre la fenêtre

Pour évacuer la torpeur

Quelle idée ce rendez-vous

Sur une pelouse

Au bord de l’eau

Par un temps pareil !

Depuis une semaine

Je me réveille avec le mal de tête

Encore un oreiller qui ne me convient pas

Je la sens lourde

Comme un pays qui vote à droite.

La pluie d’orage

Vient enfin frapper les carreaux

Mes plantes, je le sens,

Voudraient la recevoir

Bien que traversant une mauvaise passe

Il ne pleut pas encore

Dans ma maison

Alors,

Je remplace le ciel.

De mon pulvérisateur,

L’eau ruisselle

Mes plantes frémissent

Elles retiennent jalousement les dernières gouttes

Exhalent une sorte de frémissement de bonheur

Qui fait ma joie.

Je sors

Mes pas me portent

Le long du canal de l’Ourcq

Le ciel s’est apaisé

Je lui en sais gré

Voici le parc de la Villette

Presque désert

Je suis en avance

Je m’assieds un instant

Un jeune moineau

Intrépide

S’approche de moi

Je n’ai rien

Pas une miette

Je devrais être plus prévoyante

Quelques miettes

C’est si peu.

Je frissonne

« Décidément le vent est froid »

me murmurent les saules

« Il suffirait que les nuages s’écartent

pour qu’il devienne agréable »

Mais ce n’est pas le cas

En fermant les yeux

J’imagine la mer

Le clapotis des vagues

Le vent prend alors un tout autre visage

Il est si simple d’être heureux…

Un peu plus haut

Quelques cerfs-volants maigrichons s’agitent

Pauvres taches de couleurs sur le gris

La corne de la péniche Auber

Résonne derrière moi

Je me retourne

Tout autour de moi le monde s’affaire.

J’aperçois une silhouette

C’est Elle

Je me lève et la rejoins

Je ne l’ai vue qu’une fois

Une rencontre sans parole

Juste quelques regards

Nous étions trop nombreuses

Autour de la table, ce jour-là

Alors...

À la suite

Les mots se sont écrits

Le partage est né

Et d’échange en échange

Sans forcer le destin

L’envie d’approfondir les relations

Naturellement s’est imposée.

Comment cela va-t-il se passer ?

Nous marchons de concert

Échangeons quelques propos

Sans importance

Pas de timidité pourtant

Nous balisons tranquillement

Le chemin de notre découverte.

L’eau nous accompagne

Tout n’est que paix

À la veille de ce 14 juillet qui se prépare .

Nous longeons le canal

Jusqu’à Stalingrad

Puis

Nous remontons

Vers le parc des Buttes Chaumont

Chaque pas nous fait progresser

Vers la connaissance de l’autre

Nous nous installons dans ce rythme naturel

Accordées au temps

Sans hâte ni retenue

L’herbe nous accueille un moment

Je me livre un peu plus avant

Je lui offre de partager

Quelques fruits de ma passion de vie

Elle

M’écoute

Se coule dans mes propositions

Semble y prendre plaisir

Mais l’humidité

Exacerbée par le vent qui nous est fidèle

Nous fait repartir.

Marcher nous réchauffe

Bien que nous n’ayons pas eu

À rompre de glace

Nos propos se font plus légers

Plus personnels

Quelques essences en contrebas

Près d’un étang

Attirent mon regard

Je m’arrête

Je lui désigne le décor

Nous partageons cette beauté

En silence

Puis nous descendons vers le lac.

Un banc au soleil nous accueille

Comme elle est agréable cette chaleur

Qui nous chauffe le dos

En face

Sur une digue à fleur d’eau qui leur est réservée

Quelques canards et bernaches font une pause

Ils s’affairent à leur toilette

Non loin de là

Deux corneilles s’activent avec ardeur

Elles percent le sac en plastique d’une poubelle

Et se régalent des trésors qu’elle contient

Tout le monde est heureux ici

Quelques pigeons,

Fidèles à leur réputation,

Tournent en faisant leur cour

Autour de belles, indifférentes.

Celles-ci nous observent

S’approchent

Puis s’éloignent

Nous n’avons rien

Toujours

Peu après elles se ruent vers un homme

Un Saint François des villes

Qui vient de s’asseoir sur un banc

À quelques pas de nous

Sa main plonge dans un sac

En ressort

Et avec le geste caractéristique du semeur

Le vieil homme lance des graines

Pigeons et moineaux s’agglutinent, se bousculent

Ils semblent affamés,

Le vieil homme sourit

Il a rompu sa solitude

Le temps d’une visite au parc.

Nous ?

Nous goûtons la paix

Le bonheur de l’eau

De cette faune joyeuse

De ces phrases tranquilles

Qui nous disent

Nous révèlent

Un peu

Beaucoup

Sans qu’il soit nécessaire de développer.

Vian, Prévert, Trakl, Char, Tardieu

Nous accompagnent un instant…

Insensiblement le temps s’écoule

Il est l’heure de rentrer.

Près d’une bouche de métro

Nos chemins se séparent,

Sereins.

©Adamante


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