Barbarie, et autres considérations...

Publié le 26 juillet 2011 par Veroniquer

A cette heure estivale, publier un billet de cette nature, peut sembler 'contre productif'...

Je profite au contraire du temps que chacun peut avoir un peu plus, pour attirer l’œil et la réflexion vers ce qui - me semble-t-il - se dessine de plus en plus surement dans nos sociétés, cette pente de la barbarie.

Pour souligner à nouveau ce que l'ère numérique peut, peut-être aussi, contribuer à éviter de cela.

Version 'philo.' donc...

Barbarie? Oui, une forme de barbarie qui s'installe, assise sur le consensus, les robinets à eau tiède du prêt-à-penser, et toutes formes de relativisme de bon aloi, dotée de son - très certain - pendant réactionnaire (dur).

Précisant, puisqu'il le faut, que 'barbarie', ne fait pas référence aux barbares antiques, ni même au XXème siècle outrancier des guerres (et encore moins aux essais des années 80 sic celle 'à visage humain'...). Plutôt celle de Thucydide: les 'valeurs locales opposées aux valeurs supposées universelles du civilisé, par exemple l'intérêt du clan avant la justice générale'.

Un monde où se creuse toujours un peu plus le fossé entre la mondialisation, ceux qui la pensent, en usent (ou en abusent), et ceux qui s'épuisent, se désœuvrent, se recroquevillent, bricolent - en attendant que ça passe. En vague espoir d'effet et en désespoir de cause aussi.

Prolifération de micro communautés, gangs, tribus. Presque une nostalgie - consciente ou non - de l'âge de pierre pour certains. Nécessité de survivre - plutôt que de vivre - retour à 'la nature', à l'autosuffisance (on ne sait jamais, quels dangers nous guettent - ce qui est - hélas - vrai). Violence courante, réactivité outrancière, hurlement des loups, illuminés de tous bords, chacun pour soi, Dieu pour tous pour quelques uns... Intérêt personnel - bien servi - verni culturel, manque de rigueur et de pensée par soi-même, difficulté du choix (et si...), spectaculaire et facilité, distraction(s)...

Quid ici de l'ère numérique?

Nous voici l’œil aux écrans. Pour beaucoup, un œil d’une mobilité toute à l’attrait de la consommation.

Nous voici, comme jamais depuis l’enfance, entourés, connus reconnus, charmés, surpris - mais pas étonnés, ou, si peu - dans la profusion des liens instantanés. Obnubilés aussi, par notre sécurité chérie – paradoxe de cette civilisation qui jongle aux risques et aux paris, recroquevillée à sa plainte.

Ici, tout serait fluide et à l’oubli, pas d’attachement. Plaisir et recommencer. Virtuosité, panache, légèreté - vantée, vendue - d’un carpe diem si transparent qu’il en est opaque. Au fond, le monde invite à la valse : comment refuser ?

Ça, c'est une pente possible de la barbarie. Une pente ancienne, connue et reconnue, utilisée aujourd'hui comme hier, simplement accélérée et, peut-être ici, plus dévastatrice à long terme (Google n'est définitivement pas mon ami, sorry).

Il en est qui la refusent et considèrent qu'il s'agit au contraire - sans verser dans l'utopie - d'une 'possibilité'. Qu'il faut en préserver et en garantir l'accès - un accès libre, large, au plus grand nombre.

Qu'il y faut des contre pouvoirs solides.

Qu'il est urgent d'apprendre à s'en servir.

Qu'il faut le penser, aussi.

Qu'il est aujourd'hui possible d'échanger avec ses semblables - différents - quasi aux quatre coins du globe, d'apprendre et de confronter des idées, d'observer - et de tirer des enseignements - d’accéder à des sources de connaissance jusqu'alors moins accessibles, d'obtenir aide et entraide, etc.

Ici aussi, la liste est longue, et assez précise.

Alors, s'il vous plaît, n'oubliez pas l'homo numericus comme ils disent. Qui n'est jamais qu'un homme, mieux vaut le répéter.

Il peut lui aussi lutter contre cette barbarie, cette logique de survie qui nous envahie... par 'la force des choses' fini-t-on par dire.

Jamais.

Et si, il faut savoir le dire...

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