Moi, pour ma non Saint-Valentin, je suis allée dans mon QG, le Villeroy Club, m’offrir une assiettée de pâtes et un tiramisu spéculoos. Toute seule, mais qu’importe. Je me suis installée à ma table fétiche, celle oùsque « Anaïs » est gravé en lettre capitales (juré c’est pas moi qui l’ai fait). Une table d’où je vois toute l’assemblée. Une table d’où je peux tout observer.
L’ambiance est paisible. Deux hommes seuls (ne serais-je pas la seule à fêter ma Saint-Trucmachin en solo ?), un petit couple d’ado se regardant amoureusement, pieds emmêlés.
Arrive ensuite une bande de jeunes un peu bruyants. Ils sont trois. L’un deux porte une écharpe Strelli très féminine. L’autre un sac Longchamps framboise écrasée (vous savez, ces sacs en toile repliables, qui coûtent une fortune en zeuros). Etrange étrange étrange. Une jeune fille les rejoint et saisit le sac. Je comprends mieux. Elle aussi porte une écharpe Strelli. A la fin de leur repas, elle fera un cours à son pote, afin de lui apprendre à nouer la sienne de façon élégante. Je regarde discrètement, histoire d’en prendre de la graine. Ils mangent leurs sandwichs importés et leurs pâtes asiatiques achetées en face. Faut oser. Le pire : ils partiront sans rapporter leur plateau à l’endroit ad hoc. On a beau porter des marques, l’éducation n’est pas donnée à tous. Je déteste ça.
Deux femmes. L’une offre un cadeau à l’autre. Une jolie boîte emballée de gris et dessinée de violet. L’autre ouvre. Lentement. Trop lentement. Je jette des regardes discrets mais fréquents. Je veux savoir. Keskil y a à l’intérieur ? Après une séance de déballage interminable, elle découvre son cadeau : un parfum. Qu’elle teste immédiatement. Sont-elle amoureuses ? Simples collègues ou amies fêtant un anniversaire ? Nul ne le sait. Moi non plus.
Je décide moi aussi de me gâter. Je m’offre le CD acoustique de Christophe Willem, avec un DVD bonus d’une heure de concert. Je m’offre le répertoire des paresseuses, cadeau inutile du jour, mais censé marquer pour l’éternité (amen) l’annonce officielle de la sortie de mon livre. Dans cinquante ans, je le montrerai à mes petits-enfants, il sera tout moche tout vieux tout abîmé, et je leur dirai d’une voix chevrotante : votre bonne-maman, mes petiots, elle tenait un blog du temps oùsqu’elle était célibataire, et elle était une paresseuse officielle. Emotion.
Le lendemain, petite bouffe entre filles. J’ai réservé, soupçonnant que beaucoup de couples fêteraient leur Saint-Jelediraipoint le même soir. Bingo. Pas beaucoup de couples, ma bonne Dame, que des couples ! Rien que des couples. La salle est décorée de cœurs kitschissimes à souhait. Nous serons quatre. Quatre amies. J’arrive en même temps que l’une d’elles, et nous nous asseyons à notre table. Immédiatement le serveur se précipite « vous prendrez déjà un apéritif ? … mais je suppose que nous attendons encore deux messieurs ». Léger blanc. Silence. « Euh non. Nous attendons deux dames. » Il se confond en excuses. Nous sommes gênées mais hilares. La femme de la table d’à côté l’est également, hilare, elle qui tient tendrement la main de son homme.
Même si le romantisme manque à cette soirée au resto entre filles, le rire est présent, et les sujets de conversations sont passionnants. Que font quatre amies lorsqu’elles se retrouvent au restaurant ? Elles parlent sexe, pardi. Entre autres sujets, bien sûr, mais elles parlent sexe. On se serait cru dans un épisode de Sex and the City.
Ce fut donc une non Saint-Valentin très sympa, en cette année 2008.