Jacek (post-Atarɐxe)

Qu’est-ce que tu vas faire ?

Je m’en vais en Pologne.

Comment comptes-tu y aller ?

À la nage.

Mais enfin, il n’y a pas de mer entre ici et la Pologne.

Et bien alors, j’irai en stop.

Il conviendra de bien faire attention. Les tueurs pourraient te couper le pouce. Les tueurs pourraient te couper la main. La plupart des tueurs coupent. La plupart des tueurs sont des lâches : ils sectionnent toujours les membres qui dépassent : mains, oreilles, jambes… bien peu s’attaquent aux organes. Seuls les vrais bons tueurs parviennent à l’intérieur.

Comme les psys. Tu danses bien.

Oui.

Où as-tu appris à danser comme cela ?

La New Wave des années 80… je ne sais pas, j’ai eu de bons profs. Toute la musique des années 80 en fait : je suis très éclectique et j’ai eu le temps d’apprendre.

En Pologne aussi ils bougent bien. Tu bouges bien. Les polonais ont cette culture qui consiste à bien faire bouger les choses jusqu’à eux-mêmes.

Je ne suis pas Polonais.

Oui.

Je ne suis pas Polonais.

Je sais.

Et pourquoi la Pologne ?

Je ne sais pas vraiment. Je crois que cela a à voir avec leur histoire. L’esprit d’opposition. Une certaine volonté de faire table-rase du passé. En Pologne, ils sont très au fait du changement. Sans doute qu'ailleurs aussi, à certains endroits, ils font ça. Mais je sais pas. J'ai pris la Pologne. Parce que pour moi, plus que les autres, elle aime le changement.

Comme les psys. Et quand pars-tu ?

Demain. Ou un autre jour. Plus rien ne me retient ici. Je pourrais partir quelques temps, personne ne remarquerait mon absence. Sans doute est-ce mieux ainsi.

Quoi ?

Sans doute est-ce mieux ainsi. La musique est trop forte.

Il n’y a pas de musique.

Wyrwij murom zęby krat

Zerwij kajdany, połam bat

A mury runą, runą, runą

I pogrzebią stary świat

Tu disais ?

Il n’y a pas de musique.

Il n’y a pas de musique ?

Quoi ?

Il n’y a pas de musique ?

Il n’y a pas de musique.