Ici, ce sont les racines d’un arbre qui parlent, qui font parler la mémoire : souvenirs liés à l’environnement (construction nouvelle, plantations nouvelles, arrachements) ou à l’histoire humaine, ses aspects intimes et familiaux, ses moments de liesse populaire, ses guerres. Et celle de 1914-1918 particulièrement. Parce qu’elle touche l’auteur, qui joue son texte devant nous, qu’elle le touche dans ses origines mi-allemandes, mi-françaises, comme c’est souvent le cas pour les familles de ces régions où les frontières ont beaucoup changé dans les siècles précédents. Parce qu’elle fait référence à une génération dont les survivants sont de moins en moins nombreux et qu’on a envie d’entendre le récit de leurs souvenirs. Mais pas pour entretenir cette mémoire et la sacraliser, simplement pour comprendre. C’est aussi ce qu’évoque Jean-Christophe Bailly (encore lui) dans un ouvrage récent, Le Dépaysement, où il écrit plusieurs chapitres à propos de l’Est de la France et de ses paysages, où il fait état d’une autre guerre, celle faite à la terre même par des industries polluantes et que l’activité d’aujourd’hui cherche à nettoyer. Il sera question prochainement de ce livre dans ce blog.
Pour en revenir au spectacle, j’apprécie cette voix féminine enregistrée qui dit espérer que les hommes ne feront plus la guerre non pas en mémoire des disparus mais pour leur propre avenir.