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Le Prix de l'Encre

Publié le 04 juillet 2011 par Berthner
Le Prix de l'Encre

« J'avoue que je ne porte point à la liberté de la presse cet amour complet et instantané qu'on accorde aux choses souverainement bonnes de leur nature. Je l'aime par la considération des maux qu'elle empêche bien plus que pour les biens qu'elle fait. »Cette phrase de Tocqueville n’a jamais sonné aussi juste. Et même, s’il n’est nul besoin de s’interroger sur la nécessité absolue d’une presse libre, on peut toutefois se pencher, sans pour autant commettre de crime de lèse-majesté, sur ce qu’ont fait les médias de l’information de cette liberté.Toujours plus de transparence ! C’est ce que dénonçait récemment Alain Finkelkraut au sujet de l’affaire DSK. Prophétisant l’avènement d’une société de délation permanente, où les faits et gestes des puissants de ce monde sont livrés en pâture à une société morose pour qui le malheur des autres, supposé ou avéré, devient un remède, une source de satisfaction, un antidépresseur devant les difficultés de sa propre existence. Lui permettant de se réfugier dans cet aphorisme  « quand je me considère je me désole, quand je me compare je me console » !La presse de nos démocraties occidentales est en passe de confisquer à son profit les trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire. Forgeant l’opinion à la mesure de l’air du temps dont elle bat la mesure, rétablissant les piloris du Moyen Age pour offrir, à l’invective populaire, les têtes qu’autrefois Samson lui montrait en place de Grève.Aujourd’hui, le sang ne coule plus vous dira-t-on, et pourtant rien n’est plus faux !De la mort de Pierre Bérégovoy à cette nuit du 30 au 31 août 1997 où une princesse s’éteignit dans un amas de tôle froissée, sans oublier ce professeur innocent qui, mis en accusation, se suicida ne pouvant plus supporter le regard des autres. L’exception est devenue la règle !Autrefois garante des libertés, la Presse s’est transformée dans de trop nombreux cas, en une prison dont les barreaux sont le regard des autres, au nom d’une photo volée, d’un scoop mal vérifié, d’une rumeur propagée, le tout pour augmenter le tirage.La presse peut devenir, la personnification même de ce qu’elle a combattu pendant des siècles, procureur, juge et bourreau, elle peut impunément exécuter l’honneur d’un être humain, le traquer poussant l’hallali jusqu’à donner à l’encre noire des titres, les reflets sinistres qui jonchent le sol des abattoirs.Cette traque fut dénoncée par un Président de la République lors des obsèques d’un Premier Ministre : « ...Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie, au prix d'un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous. …. »L’excuse la plus souvent avancée, étant que c’est leur faute, leur responsabilité, celle de ces hommes et de ces femmes publiques. Ils se sont exposés à la presse, s’en sont servis et l’opinion a le droit de savoir. Certes, l’opinion a le droit de savoir, mais jusqu’où s’exerce ce droit ?Car l’exposition volontaire profite à l’un comme à l’autre, l’homme et la femme publique usent et abusent des médias, jusqu’à ce que les médias abusent d’eux.C’est un jeu mortel où la Presse, comme la mante religieuse, détruit ses partenaires, brûlant ce qu’elle a adoré.La règle des trois « L », non inscrite, mais connue des professionnels, est là, impitoyable et trahissant les dessous d’une cour dont les courtisans ont remplacé la quête des faveurs, par celle des informations qu’ils pourront livrer sans remords.Jetant aux orties, les conventions les plus sacrées, même le « off » n’est plus respecté.Lécher, Lâcher, Lyncher ! C’est la règle des trois « L ». Ceux qui se retrouvent condamnés en Une, ne sont blanchis que dans un communiqué de trois lignes à la rubrique des chiens écrasés.L’exception récente étant DSK, qui accusé puis en passe d’être relaxé continue à faire la Une, mais il est vrai que c’est la presse US qui l’avait lynché.C’est vrai qu’ils savent faire, alors peut être que notre presse vernaculaire, s’est senti ravalé au rang d’amateur, comparée à celle du pays de Citizen Kane et de Fox News. Rappelez vous l’affaire Lewinski, les quolibets de notre presse sur la mise en accusation d’un Président Américain pour une histoire de cigare. « La Stagiaire et le Président », cela aurait pu faire un joli film, certes un peu scabreux et éloigné des comédies d’Hollywood, mais tellement vendeur.Personnage publique, vous n’êtes plus à l’abri. Politiques, capitaines d’industries, têtes couronnées, acteurs ou chanteuses, sportifs, vous faites vendre !Vous assurez le fonctionnement des rotatives, votre côte de popularité garantit le tirage et votre chute rentabilise le prix de l’encre !Pour votre malheur, le malheur est tellement vendeur !Cette semaine nous avons célébré le mariage de notre Prince, cet événement était placé sous le signe de la joie et de l’unité, mais les corbeaux sont venus, et nous avons pu lire dans certains journaux des titres qui n’apportaient rien, une méchanceté gratuite basée sur des rumeurs, où certains visaient à détruire, sans se soucier des conséquences, sinon de rentabiliser le prix de l’encre !Piétinant les mariés et leurs familles, une fois de plus ils ont choisi de gâcher la fête, au lieu de rapporter vous avez préféré blesser, qu’importe nous on a rêvé !Et ce n’est pas l’article de Monsieur Vincent Piolet, Docteur en géopolitique de l’Institut français de géopolitique, université Paris-8 paru dans le Libération du 1er juillet qui nous en empêchera. Vu sa connaissance de notre pays, il me rappelle cette citation d’Alain Soral qu’il ne reste plus qu’à adapter à son cas : « Remarquez, une émission culturelle, n’est ce pas de plus en plus un type qui n’a pas lu un livre, qui en parle avec celui qui ne l’a pas écrit ?Le Prix de l'Encre


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