Tours.

Publié le 17 juin 2011 par Berthner

Ce ne sont pas celles de la Défense, fourmilière humaine le jour, délaissée la nuit à l’heure où leurs esplanades se transforment en cour des miracles. Champs Catalauniques des cités modernes, elles sont ces lieues de batailles où viennent joyeusement s’étriper les nouveaux barbares, comme jadis les Huns d’Attila et les Romains d’Aetius.

     Ce ne sont pas les jumelles de New York qui se dressaient fièrement dans l’azur de Manhattan, et désintégrées par la folie des hommes au nom d’une religion, ont laissé une plaie béante pleine de sueurs, de larmes et de sang, pudiquement appelée « Ground Zero ».

       Ce ne sont pas non plus celles de Dubaï, altières sur les plages de sable du petit émirat, fruits des défis relevés par les bâtisseurs de cathédrales modernes.
       Les nôtres, à la fois modestes et hideuses, trahissent le gain vite empoché. Gigantesques cadrans solaires, elles projettent leurs ombres démesurées sur les plages autrefois ensoleillées, réduisant le jour le plus long à une journée d’automne au cœur de la période estivale.
      Le jugement est sans appel, nous avons raté notre urbanisation, et les villas « Belle Époque » dont ils ne restent que quelques spécimens, symboles d’une histoire encore récente où Monte-Carlo respirait le « Bon Vivre », nous invitent à la nostalgie.  
        En parfait état, ce sont nos ruines, nos acropoles !
     Mais loin de remettre en question une politique urbanistique douteuse, nous nous plaisons à répéter à l'envi nos erreurs, créant, au milieu des champs de grues, de nouveaux titans de verres et de bétons défiants l’Olympe, poussés par l’avidité, la vanité et les contingences géographiques à faire toujours plus haut, toujours plus laid, asphyxiant la terre et l’air au détriment d’une harmonie et d’un esthétisme qui nous auraient permis de lancer avec Baudelaire, une invitation au voyage où :
Les soleils couchantsRevêtent les champs,Les canaux, la ville entière,D'hyacinthe et d'or ;Le monde s'endortDans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,Luxe, calme et volupté.