Magazine

Chialer de bon matin devant des vignes bien coiffées, entre...

Publié le 30 juillet 2011 par Fabrice @poirpom
Chialer de bon matin devant des vignes bien coiffées, entre...

Chialer de bon matin devant des vignes bien coiffées, entre Angoulême et Blaye, ça ne se fait pas. Un tar-mo ne pleure pas.

Mais quand même. Le bitume vallonné, tapissé au millimètre. Les châteaux de ci, les domaines de çà. L’inclinaison des coteaux, la précision des lignes de plantation, le soin apporté à la terre qui les porte. Et la brume, indécente, qui les couvre. Et se lève, lentement. Très lentement. Généreuse avec les matinaux, elle leur offre un spectacle lent et puissant. L’humidité en mouvement.

Un tar-mo ne pleure pas.

À Blaye, face à la Gironde, la fumée du tabac apaise les frissons. Mais le fleuve vient gifler les spectateurs. Immense et puissant, lui aussi.

Toute la matinée, dans bien des bleds, des stations services désaffectées. Récupérées par des boulangers, des antiquaires, des primeurs. Pas de pétrole mais des idées pour redonner vie à des lieux qui, un jour, ont cessé d’intéresser.

Tronçon de Rocade pour contourner Bordeaux. Quinze bornes et l’écoeurement se fait sentir.

Première sortie avant évanouissement. Une bretelle et deux rond-points plus tard, nouvelle planète. Dans le genre chlorophylle qui enivre, podium aussi pour les Landes. Odeur puissante qui colle aux poumons. Lignes droites interminables de tarmac au milieu des pins qui grimpent haut.

Pampa impassible.

Arès. Tour de manège puis direction Cap Ferret. Enfilade de bleds aux noms charmants et authentiques. Petit Piquet, Grand Piquet, Grosse Baltringue. Des bornes et des bornes à quarante à l’heure, passées à renifler les pare-chocs des berlines.

Le Cap. Tout est dans les accessoires et les figurants.

Choupettes à jupette en vélo, espadrilles, jerseys sur les épaules, 4x4 propres et lustrés, toutous racés géants coiffés par Jacques Dessange, mamies perlées et papys en mocassins.

Grosse prod’ à la française.

Hypoglycémie prononcée. Ballade en sous-régime dans les petites rues. Pas une épicerie, pas un boui-boui. Une seule buvette dans tout le tié-quar. La patronne appelle tout le monde Madame, même les messieurs.

Sandwich au magret de canard, canette de soda à trois euros, macarons et cannelés au choix en dessert. Un bifton de dix euros lâché à Madame Madame pour calmer l’hypo - remplacée illico par une douleur ailleurs.

À la table d’à côté, Maximilien et Marie-Gwendoline, respectivement six et quatre ans, s’acharnent gentiment sur des sucettes géantes en forme de cannelé, après avoir boulloté leur magret.

Première. Coup de gaz. Trajet en sens inverse un peu plus haut dans les tours. Remontées de file à plus de six mille tours et prises d’angles prononcées, inadaptées à la conduite en milieu urbain. Mais compatibles avec l’envie de fuir.

Vitesse de croisière autour du bassin d’Arcachon. Pause clope à Gujan. Papa et junior pêchent. Papa se fait becter tous ses appâts. Un par un.

D’la pêche au crabe. C’est çà qu’on va faire. Ras l’bol des poiscailles.

Départ sur la pointe des pieds. Filet de gaz dans la pampa landaise. Arrivée à Mimizan-Bled. Coup d’oeil au road-book.

Promenade des Mouettes, Mimizan-Beach.

Coups de gaz, demi-tours et gros mots dans le dédale des ruelles artificielles. Allée des quiches, passage des fougères, impasse des bécasses, place des bégonias.

Promenade.

Des.

Mouettes.

Coup de gaz. Extinction du moteur.

Un chaton blanc comme une aiguillette de poulet sort de la maison et trottine dans la rue.

J’ai entendu le bolide.

Câlin qui réconcilie avec l’espèce humaine.

Suis blanche comme un cul. Fais un temps de chiotte depuis notre arrivée. Demain, soleil, playa, bronzette. Mais ce soir, cucarracha!

Trente-six heures de pause. Dans la famille de Leen-C.


Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossiers Paperblog