Le soleil disparaissait peu à peu derrière la plaine viticole de Vergèze, dont la masse un peu plus sombre se détachait sur le ciel, son très lent déclin s'accompagnant d'un scintillement multicolore.
L'air était doux, l'amertume de la bière délicieuse.
Les braillards qui participaient à l'abrivado (lâcher de taureaux provencal aussi con que les autres) firent soudainement silence.
La viande saoûle tentait de reprendre ses esprits.
Chose bizarre, l'inquiétude gagnait les têtes, la nervosité de même.
La fête votive se barrait en sucette. Ce vendredi 29 juillet au soir, les taureaux avaient gagné la queue du mickey.
L'un d'entre eux avait chopé un attrapaïre, le renversant sans ménagement (comme un arracheur de dents).
Il subclaqua le lendemain, à l'hosto de Nîmes.
Comme le dit prudemment la presse locale, toujours très attachée à ce genre de traditions débiles et méchantes, "ce décès souligne la dangerosité potentielle de ce genre de manifestations." Poil à la station.