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Veni creator (La chose artistique - suite).

Publié le 03 août 2011 par Ep2c @jeanclp

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Indignation.

Il n’y a pas d’autre mot pour désigner le vif sentiment que j’ai éprouvé à la lecture de la dernière parution du Journal du dimanche et de cette scandaleuse déclaration de Ségolène Royal, l’ex-candidate aux plus hautes responsabilités de l’Etat.

Lors d’une rapide halte à la médiathèque de la ville, en réponse à une question sur l’augmentation du budget de la culture annoncée par Aubry, elle se démarque: "On ne peut pas se permettre de promettre des choses à chaque corporation".

Corporation, vous avez bien lu : corporation.

Faut-il qu’elle soit dans une passe difficile, l’ex-élève du pensionnat saint Joseph de Cluny à Fort-de-France, pour confondre ainsi corporation et congrégation, métier et sacerdoce, artisan et artiste, profane et sacré !

Non, les artistes, les créateurs ne sont pas un groupe de pression qui défendrait de vulgaires intérêts particuliers, ce sont les messies d’un monde meilleur où communieront le beau, le bon et le bien.

Invitons donc la candidate aux primaires du P.S. (et les lecteurs de La Cité des sens, par la même occasion) à relire la lettre qui commence ainsi.

L'artiste, image de Dieu Créateur

1. Personne mieux que vous artistes, géniaux constructeurs de beauté, ne peut avoir l'intuition de quelque chose du pathos avec lequel Dieu, à l'aube de la création, a regardé l'œuvre de ses mains. Un nombre infini de fois, une vibration de ce sentiment s'est réfléchie dans les regards avec lesquels, comme les artistes de tous les temps, fascinés et pleins d'admiration devant le pouvoir mystérieux des sons et des paroles, des couleurs et des formes, vous avez contemplé l'œuvre de votre inspiration, y percevant comme l'écho du mystère de la création, auquel Dieu, seul créateur de toutes choses, a voulu en quelque sorte vous associer.

Pour cette raison, il m'a semblé qu'il n'y avait pas de paroles plus appropriées que celles de la Genèse pour commencer la lettre que je vous adresse, à vous auxquels je me sens lié par des expériences qui remontent très loin dans le temps et qui ont marqué ma vie de façon indélébile. Par cet écrit, j'entends emprunter le chemin du dialogue fécond de l'Église avec les artistes qui, en deux mille ans d'histoire, ne s'est jamais interrompu et qui s'annonce encore riche d'avenir au seuil du troisième millénaire.

(...)

La première page de la Bible nous présente Dieu quasiment comme le modèle exemplaire de toute personne qui crée une œuvre : dans l'homme artisan se reflète son image de Créateur. Cette relation est évoquée avec une évidence particulière dans la langue polonaise, grâce à la proximité lexicale entre les mots stwórca (créateur) et twórca (artisan).

Quelle est la différence entre «créateur» et «artisan» ? Celui qui crée donne l'être même, il tire quelque chose de rien - ex nihilo sui et subiecti, dit- on en latin -, et cela, au sens strict, est une façon de procéder propre au seul Tout-Puissant. À l'inverse, l'artisan utilise quelque chose qui existe déjà et il lui donne forme et signification.

(…)

C'est pourquoi plus l'artiste est conscient du «don» qu'il possède, plus il est incité à se regarder lui-même, ainsi que tout le créé, avec des yeux capables de contempler et de remercier, en élevant vers Dieu son hymne de louange. C'est seulement ainsi qu'il peut se comprendre lui-même en profon deur, et comprendre sa vocation et sa mission.

Lettre du Pape Jean-Paul II aux artistes (1999).

LIRE LA SUITE

A suivre, avec des contributions d’André Malraux, Jacques Duhamel, Jacques Rigaud et saint Jean Chrysostome

Post sciptum.

La preuve que nous vivons bien dans un monde désenchanté : la presse, notifiant le décès de Claude Laydu (« emporté par le marchand de sable » -sic), l’a littéralement encensé pour sa paternité de « Bonne nuit les petits » et de son « Gros Nounours » et a, bien sûr, omis de rappeler qu’il fut d’abord l’inoubliable interprète du Journal d’un curé de campagne de Bernanos/Bresson. Ou comment la puérilité, nouvel opium des masses est devenu le Prozac de l’inquiétude religieuse et le Viagra des fiascos spirituels .

P.S. 2 : les très mauvais calembours auxquels vous avez échappé : Le Journal d'une curée de campagne, le sable et le roupillon...

Déjà publié, dans la même rubrique :

 

La chose artistique (un)

   

La chose artistique (deux)

La chose artistique (trois)

   

La chose artistique (quatre)

La chose artistique (cinq)  

 La chose artistique (six)

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