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Journée bicolore. Le bleu. Celui du ciel au Mont Ventoux,...

Publié le 07 août 2011 par Fabrice @poirpom
Journée bicolore.

Le bleu. Celui du ciel au Mont Ventoux,...

Journée bicolore.

Le bleu. Celui du ciel au Mont Ventoux, dominant le Vaucluse et reluquant la Drôme. La grimpette s’est faite en duo. Avec un Béhème 1200 GS apparu dans le rétroviseur à la sortie de Vaisons-La-Romaine. Le mec se cale à la même allure. Celle d’une ballade. Après un rond-point indiquant le Mont, il met un coup de gaz, se cale à la hauteur de Kakoueta et cherche à savoir, d’un geste du doigt pointant vers le ciel, si les chemins qui se sont rejoints sont les mêmes.

Et c’est le cas.

Coup de gaz, il se place devant.

Centre de Malaucène. Les gens qui bullent en terrasse, une Twingo qui stationne à contre sens, des cyclistes à SMS… Le train-train de la circulation d’une petite bourgade touristique. À gauche, un panneau. L’ascension commence alors. Le lascar se cale à 70-80. Idéal pour se faire plaisir et apprécier le décor. Douceur et souplesse. Son GS oscille de droite à gauche. Derrière, le 4-cylindres suit. Calé en 4ème, pour enrouler en souplesse en sortie de virage. Tomber la 3ème pour les courbes plus serrées qui grimpent en sortie, voir la seconde pour les épingles. Redresser tranquillement le fer. Essorer délicatement la poignée. Et repartir.

Dans les grandes courbes dégagées, le Vaucluse apparait. Dans l’une d’elles, le mec se risque à lever le cul de sa selle, s’agripper à son guidon, tourner la tête et contempler l’immensité, la Béhème calée sur la trajectoire.

Lente ascension. Les degrés chutent mais le soleil veille. Frissons à répétition.

Les cyclistes souffrent, serrent les dents. Des maillots bleus, verts, blancs à points rouges. Aucun ne se risque au jaune. Bien trop prétentieux.

À mi-parcours, le mec ralentit et laisse passer devant. Faire le lièvre, ça épuise. Mais c’est cool. Alors le mec partage.

Les côtes se raidissent. C’est la 3ème qui mène la danse sur la seconde moitié. La 2nde sera là pour les lacets, bien sûr, et pour les dépassements. Le trafic se resserre. Les boîtes à roues trainent les pattes. Les derniers trois cents mètres se feront coincés entre les pare-chocs et les rails à vélo fixés aux culs des bagnoles.

Au sommet, surpopulation de station balnéaire. Chichis et beignets en vente libre. Hochements de tête de tar-mos par paquets de douze.

Stationnement. Échange éclair en anglais avant de réaliser la francophonie commune. Même pas pris la peine de regarder l’immatriculation de l’autre.

Clope de satisfaction.

J’ai arrêté de fumer il y a huit ans.

Tant pis.

Mais là, avec la ballade qu’on s’est faite, c’est pas d’refus.

Il est belge. De Gand. Il fait de la bécane depuis trente ans. Aujourd’hui, quand il part en vacances, il cale son 1200 sur le rail arrière de son camping-car. Il aime la France parce qu’elle est belle et que les tar-mos y sont mieux considérés que chez lui. Son plus grand kiff, les Cévennes.

Impossible de réprimer un sourire.

Y a des touristes, c’est sûr. Mais rien à voir avec ici. Là-bas, on peut les compter sur les doigts de la main.

Il préfère voyager au hasard, au risque de se perdre ou se tromper. Sa femme et lui emploient cette méthode depuis vingt-cinq ans. Et tout va pour le mieux.

Il se redresse. Jette un coup d’oeil à sa carte, programme une destination sur son GPS et enfile son casque. Avant d’enfiler ses gants, il tend la main.

Au plaisir. On se croisera peut-être au pied d’une montagne…

Le flat-twin du GS vrombit. Il commence sa descente.

Merde. Son prénom.

La lavande. Après la pause déj sur une petite table en bois calée dans un virage de la route vers Sault, le premier champ de lavande apparait quelques kilomètres avant le village.

Époustouflante de beauté.

Une excitation d’enfant de huit ans devant cette couleur. Surprenante, séduisante. Présente pendant des kilomètres, la lavande et son parfum délicieux agrémentent le voyage pendant le cours passage dans la Drôme. Elle disparait quelques kilomètres avant l’entrée dans les Alpes. Remplacée par de sympathiques petites gorges, où les badauds font trempette. Route sinueuse, serrée, lisse, qui mène à Laragne.

Mais le parfum s’agrippe.

Le bleu, encore. Celui du ciel, encore. Celui de Laragne. Orné d’un deltaplane qui tournoie avant de tranquillement se poser. Sur le terrain du camping. Cause compèt’ européenne. Les mecs investissent le camping le temps de l’événement. Des dizaines de camionnettes et de grosses berlines, galeries sur les toits, calées autour d’un champ. La journée se termine, chacun plie consciencieusement son aile. Puis ils défilent devant l’organisateur, enregistrer les données de leurs vols. Ils passeront la soirée à commenter leurs vols, visionner les vidéos des caméras embarquées, les potasser, les commenter.

Des Italiens, des Belges, des Russes, des Espagnols, des Français… Tout ce que l’Europe compte de perchés du vol d’oiseau est calé là, au pied des Alpes. À prendre du kiff par rafales.

Impossible de réprimer un sourire.


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