CYCLISME SUR ROUTE
PODIUM À LANGEAC (HAUTE-LOIRE)
ET UN TITRE DE CHAMPION DE FRANCE DES JOURNALISTES (UJSF)
DANS LA CATÉGORIE DES "MOINS DE CINQUANTE ANS"...
J'étais un peu venu, l'histoire de faire plaisir à mon père qui "avait fait le métier" dans son temps, comme une dédicace spéciale à mon paternel et puis voilà tout. Mais l’aventure commence à me coûter cher en champagne et en vins fins de toutes sortes. Une montagne de SMS et de messages de félicitations qui arrivent d’un peu partout. Le résultat… d’un maillot tricolore enfilé ce samedi 6 aout 2011 à Langeac (Haute-Loire) sur le podium des « Championnats de France cycliste sur route des journalistes ». Si ! Comme je vous le dis ! Un championnat de France... (tout ce qu’il y a de plus sérieux, parait-il…) des journalistes « cyclistes ». C’est-à-dire le genre de gratte-papiers, d’animateurs télé encartés ou de « paparazzis » qui calculent leur vitesse de déplacement dans l’air de l’information internationale en braquets, et leur vague à l’âme à propos d’un monde déglingué, en nombre de tours de roues par minute… Des « forçats » de la ligne rédactionnelle détournée en course au maillot tricolore…
Un coup à jouer en trois bandes gagnantes Bleu, blanc, rouge sous l’égide de l’UJSF (Union des journalistes de sport en France). Une épreuve de force de réussir à faire pédaler un tas de journaux dans le même sens avec tout le fair play qui s’impose en pareille circonstance d’une lutte sans merci pour tenter de faire figurer le nom de sa boite et le sien avec au tableau d’honneur. Un maillot de champion de France, une médaille d’or et… la marseillaise, jouée par la fanfare de Langeac en personne cette année. Autant dire : la valise, sa poignée, et l’étiquette de voyage collée dessus… Un public, auvergnat, mais large pour ce qui est d’encourager le client à la dépense physique sur le parcours. Des fans sur la ligne d’arrivée pour couvrir les cris de rage dans le sprint final. Une véritable « émeute » de groupies venues tout exprès pour soutenir leurs « champions » préférés… Philippe Trias du journal « Le Progrès » et ce Néon™ de cycliste à ses heures et reporter à France télé le reste du parcours de l’horloge. Philippe Trias™, le responsable de tout ce qui est advenu cette fameuse journée du 6 aout. Une date ! Car c’est bien la faute de ce jurassien de cœur et son Trek Madone™ (la monture des frères Schleck™ prise en défaut cette année sur le tour de France par le BMC™ de Monsieur Cadel Evans…) si on en est arrivés là. Des heures d’entraînement certes ! Mais cette idée de participer à cette épreuve nationale venait entièrement de lui. Je le jure sur la tête de Jean-Marie Baverel et de sa caméra qui filme entre les rayons pour passer inaperçu dans les allées des supermarchés. Un caméraman féru de vélo qui est aussi pour quelque chose dans ce programme de récompenses estivales totalement impromptues.
Au final, moins de deux heures de course pour en finir d’une somme d’efforts terribles dans les bosses auvergnates. Des volcans sous les cales… de quoi mettre le feu dans le peloton. Un petit groupe lancé à toute berzingue dés les premiers échanges de politesses. Pas même le temps de dire bonjour à tout le monde, et encore moins celui de contempler le paysage. Des forêts sauvages sur les rives de l’Allier. Un tas de types la tête rentrée dans des cuisseaux bandés, larges comme des semi-remorques. Les premières minutes de course sur un de ces faux plats réservés à des « rouleurs » aguerris. Une course de camions, où Philippe et moi ne pesons pas bien lourd. Mais la course sur route est une épreuve tactique où rien ne se joue jamais définitivement sur un coup de « biceps » décroché prématurément. Et comme dit la fable depuis la poésie grecque à laquelle elle fut empruntée : Rien ne sert de courir…
Quelques kilomètres plus tard, et au bout de quelques dénivelés bien placés, les costauds et leur réputation finiraient bien par plier sous la charge de leur ambition. Une collision fatale entre les facteurs naturels d’inertie et l’impitoyable administration des fardeaux… Un gouvernement favorable aux grimpeurs, élu pour une petite quinzaine de kilomètres et sans aucune combine parlementaire possible. Le supplice démocratique sous sa forme la plus radicale. Monte et tais toi. « La culture pour tous » aurait dit Malraux et pour rester un moment sur le terrain politique, mais de la culture physique. Une vraie « chienlit » pour les gros bras !
Au tiers de la bosse, ils ne sont plus que six au-dessus de nous en position probable de réussir à mener l’opération d’un bastringue dantesque prévu sur le plateau sommital. Une montée « de Varennes » (ça ne s’invente pas !) construite sur le papier comme la possibilité d’une fuite décisive en vue de la victoire finale. L’accident de terrain à négocier au plus juste avant que le tocsin ne résonne enfin, 500 mètres plus haut, au profit du plus combatif du jour. Un plan d’évasion trafiqué dès le départ par deux complices de la première heure à qui on ne fait pas l’histoire, et collés aux basques par un genre de Lafayette finalement pris au dépourvu « empêtré » au lendemain des événements du 20 juin 1791 (Ce général, héros français de l’indépendance américaine, né dans ce pays de Haute-Loire justement ! et qui avait tenté de couvrir la fuite du roi par un de ces procédés tarabiscotés auquel personne ne crut jamais.) Pour vous dire aussi l’histoire… ou le genre d’histoires qu’on finit par se raconter sur un vélo, dans les pires hauteurs d’Auvergne et à quelques distances du mystérieux Gévaudan. Une sorte de Marquis… qui ne sait plus très bien à mi parcours avec qui continuer de chasser l’horrible bête, ni quelle bête immonde il lui revenait exactement de traquer dans le scénario prévu, pour ne pas succomber lui même sous ses propres crocs.
Cinq concurrents encore devant… dont un coureur de tout juste vingt cinq ans, maintenant en ligne de mire dans les derniers lacets. Cette idée idiote, oui, je l’avoue… de vouloir lui nouer sa paire de chaussures avec, pour en finir plus vite avec son envie de se battre jusqu’au bout dans ma roue. Encore 1 kilomètre avant le fameux tocsin… et ce dernier naufragé repris dans la tempête qui fait désormais rage à plus de mille mètres d’altitude sur une route dorénavant changée en montagne russe balayée par le vent.
Voilà le morceau de choix de la journée ingéré et la perspective alors, d’une forte honorable quatrième place à la clé si rien ne tourne mal entre temps. Car l’attraction comporte encore quelques fameux décors à absorber, en commençant par ce promontoire en forme de plateau de « Ferrussac » défiguré par des bourrasques surnaturelles. Des trombes d’eau lancées à toute blinde et qui dévaleront bientôt les pentes terminales pour amuser le public téméraire ou un peu sadique aussi… attardé dans les dernières épingles à cheveux. Quatrième… mais cette sorte de hussard d’origine champenoise qui me précède maintenant d’un peu moins d’un quart de lieue, va me servir de frère d’armes pour accompagner cette dernière chevauchée. Trois cents mètres de montée, puis la même distance en descente, puis trois cents mètres de montées, puis… Le même supplice chinois qui se répète pendant une vingtaine de minutes d’une lutte interminable contre cette sorte de Mistral glacial débarqué de je ne sais quelle direction contradictoire avec son origine supposée. Un duo de circonstance, providentiel, qui nous mène relai après relai et de plus en plus rapidement jusqu’à la ligne d’arbitrage à Langeac. Quatrième... et pourquoi pas "troisième" du classement général de l'épreuve sur la centaine d'engagés au départ et la trentaine de journalistes ?!... Deux cents mètres à peine pour en causer au sprint, la roue de mon confrère dans la mienne, l’ensemble de la ferraille et des boyaux, encastré dans les grilles du couloir de ralentissement alors que le speaker prononce dans mon dos un nom que je connais à la perfection depuis plus de quarante cinq ans… Voilà l’histoire d’un maillot tricolore des journalistes cyclistes "de moins de cinquante ans"... enfilé à Langeac, département de la Haute Loire, ce samedi 6 aout 2011... Et tout le poids qu’on m’a confié sur les épaules de faire honneur au métier avec un beau maillot bleu blanc rouge comme ça et une médaille en or accrochée par-dessus.
JLG 6/08/2011