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Les multiples usages du chaland

Publié le 08 août 2011 par Zappeuse

La Brière est le deuxième marais de France par sa taille, derrière la Camargue et devant le Marais Poitevin, mais lui, ce n’est pas un vrai : les canaux sont l’œuvre de l’homme, et en plus le marais y est quasi asséché par le maïs, alors qu’en Brière, l’homme n’a rien creusé, ou si peu, et si le paysan du coin a la drôle d’idée de faire du maïs et de pomper l’eau du marais, il passe un sale quart d’heure. La Brière, c’est là :


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Un coin d’exotisme à moins d’une heure de Nantes et à un quart d’heure de St-Nazaire, d’ailleurs le premier employeur des Briérons, c’est le chantier naval de St-Naz. Un monde à part, avec un accent à couper à la scie électrique, des anguilles en friture dans les assiettes, et les mômes qui savent manier le chaland avant de savoir parler. Un chaland, donc, c’est quoi ?
C’est une simple barque à fond plat, qui avance à la perche (ailleurs, on dirait « à la godille ») ou au moteur. Originellement, elle est en bois, mais avec l’eau, le bois gonfle, et parfois le chaland coule. Aujourd’hui, le chaland est en résine ou parfois en fer, construit avec des résidus chopés sur le chantier naval. Te rends-tu compte, camarade, qu’il y a peut-être des bouts du Queen Mary II dans les barques du marais ? L’avantage du fer, c’est que ça peut faire brise-glace en hiver, sinon c’est un chaland ordinaire :

Les multiples usages du chaland

Chaque famille en possède au-moins un, accessible au fond du jardin, puisque toutes les propriétés ont un accès direct au marais. Le chaland, ça sert d’abord à pêcher, en posant des nasses ou en lançant un filet :

Les multiples usages du chaland

On peut aussi y installer un carrelet :

Les multiples usages du chaland

Ça sert aussi à chasser. Le chaland entre dans la hutte, chasseur et fusil à bord, et vlan! sur le bec du colvert ou de l’oie, ou même du cormoran :

Les multiples usages du chaland

C’est pas que ça se mange, le cormoran, mais comme ça fait concurrence aux pêcheurs question ramassage du poisson, on le dessoude et on le balance dans le marais, ni vu ni connu.
Les habitants du coin aimeraient bien traiter deux autres prédateurs comme ils traitent le cormoran, mais ils sont plus coriaces, ou se reproduisent plus vite : ce sont les écrevisses made in USA, qui ont éradiquer toutes les grenouilles, et les ragondins, dont on fait du pâté qui, parait-il, a goût de lièvre.
Le chaland, ça sert enfin à balader le badaud, touriste venu de loin ou pas, tout ébahi devant une telle étendue d’eau. Et encore là, en été, c’est rien, mais faut revenir en hiver : le marais déborde.

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