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Fatigué de ne rien faire

Publié le 04 août 2011 par Jeff @DagenaisJF
Fatigué de ne rien faireIl fait une chaleur de tous les diables à l'extérieur. La température a grimpée à 34° Celsius aujourd'hui et devrait baisser jusqu'à 23° la nuit prochaine. Le climatiseur ronronne sans arrêt et le chat ne veut pas quitter le salon. Moi-même je m'enferme dans l'appartement. Avec une chaleur pareille, pourquoi devrais-je sortir si rien ne m'y pousse ? 
Je m'endors toujours aux petites heures du matin. Vers quatre heures, quatre heures trente tout au plus. Beaucoup trop tard. Cette foutue jambe ne me laisse pas de répit et je dois me bourrer de somnifères pour réussir à fermer l'oeil. Ce n'est pas de cette façon que je réussirai à me lever plus tôt. Le travail de chauffeur d'autobus va exiger des levers plus matinaux.
Le téléphone sonne peu ou pas du tout. À part le ronronnement régulier du climatiseur, c'est le calme plat. Fripouille me transmet parfois ses doléances par des miaulement plaintifs et me regarde d'un air de réprobation, comme s'il attendait une réponse de ma part. Bien que l'envie me prenne quelque fois, je réalise alors la mimique du geste et le fou rire engendré par une cacophonie de sons plus félins qu'humains.
Je tape actuellement sur ce clavier noir et l'inspiration que j'avais au tout début semble s'être envolée. J'ai seulement une envie folle de rejoindre mon lit et de fermer les yeux. Pour l'éternité. Le temps d'un rêve passager ou d'un cauchemar ininterrompu. Ouvrir les paupières et me retrouver dans un lieux familier. Frais. En mouvement.
Des voix s'élèvent derrière mon oreille. Le son d'une radio, le bruit de la circulation à l'avant. Un enfant pleure au loin, sa mère tente de le consoler. Un doux grattement de cordes. Le son particulier d'une guitare classique se fait entendre tout près. Le bruit des portes dont l'ouverture est actionnée par l'air comprimé résonne dans mon crâne. Mes deux mains tiennent un volant plus grand que celle de ma voiture.
Oui, je me tiens à bord de l'autobus. Celui qui me fera parcourir des kilomètres de bitume abîmé par le temps et le poids de véhicules plus lourds. Traverser des villes, des champs, des paysages devenus mornes et grotesques à force de les voir défiler de jour en jour. Mais par contre, le plaisir de savourer chaque moment en compagnie des personnes qui prennent le seul moyen de transport à la portée de leurs économies.
Ce qu'il y a de beau dans ce métier, c'est de pouvoir échanger avec les passagers. Et si cela est réciproque, s'ils engagent la conversation, cela peut durer l'espace d'un moment ou d'un arrêt ou deux. Comme cela peut s'étendre jusqu'au terminus. C'est la beauté de la chose. Le bonheur et la joie du chauffeur. Les discussions peuvent prendre des tournures inattendues, peuvent causer des joies comme des peines. 
Parfois aussi, il peut arriver des surprises. Un passager incommodé par des problèmes de santé peut nécessiter des soins d'urgence. Ou encore un trouble-fête dérange ses voisins. C'est en quelque sorte ce qui devrait m'attendre prochainement. Vous qui avez certainement déjà pris le bus, vous savez de quoi je parle. Mais moi, je me demande encore si j'y arriverais après six ans d'absence...

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