Mieux vaut tard que jamais

Je ne peux pas me taire plus longtemps. Je ne veux pas. Je sors de la salle de bain. Je sors de la douche, une action tardive mais combien agréable. Surpris ? Oui, à en juger l'effet bénéfique qu'elle a sur mon moral.
Si on tient compte du degré de la douleur qui me forçait à prendre une douche en un temps record avant l'opération, je peux dire en effet que la différence est nettement surprenante aujourd'hui. 
Désormais, je n'ai plus le loisir de porter un pansement collé, tellement bien collé à la peau que les séances d'épilation devenaient irritantes à chaque fois. Or, la plaie ayant bien guérie, l'infirmière avait décidé que la peau à cet endroit précis de la cicatrice pouvait bien s'en passer. Excellente nouvelle alors. 
De plus, terminé les recherches de stationnement. Terminé aussi les longues marches pour me rendre de ma voiture au bâtiment. Bon, une marche de santé est toujours la bienvenue mais depuis que j'ai découvert une douleur au pied gauche (je me demande toujours la provenance) les longues marches sont pénibles et douloureuses. 
Maintenant que ma plus grande crainte est passée, je peux commencer à penser à mon plan d'urgence : entreprendre les démarches pour mon emploi de chauffeur d'autobus. J'ai tout mon temps cette fois. Un boulot léger, facile et simple. Mon emploi actuel chez St-Hubert comme livreur est en suspend. Sur la glace. Il le faut. 
Mais je n'ai pas envie d'y retourner. Pour plusieurs raisons et la plus valable, c'est la lettre de mon médecin qui y précise mes limitations/restrictions fonctionnelles permanentes. Et, bien sûr, la livraison (et autres tâches connexes) est à exclure. Je compte bien respecter cette recommandation. J'en fais le serment. Sur la tête de... Fripouille ? C'est un chat mais un chat intelligent. 
Parlant de lui justement, il vient (encore) de dénicher un autre mille-pattes qui semblait pressé. Il se déplaçait rapidement pour un insecte. Mais le chat l'avait repéré de loin. Son instinct de chasseur avait pris le relais et voyant sa proie s'échapper, Fripouille s'était lancé à sa poursuite. 

Un chat intelligent ai-je dit ? tellement qu'il avait émis quelques sons, suffisamment pour me  détourner un bref instant du clavier et le regarder. Dos à moi, l'échine courbée comme s'il s'apprêtait à manger, je me suis approché et là, j'avais compris. Il essayait d'attraper cette « chose » qui fuyait sa présence. 
Muni de quelques mouchoirs à la main, j'ai attrapé et placé le mille-pattes dans les tissus blancs et, tel un objet précieux, je suis allé à la salle de bain pour le jeter dans la cuvette. La chasse d'eau tiré et l'amas du mouchoir disparu à jamais de cet appartement, je suis retourné au clavier pour terminer ce texte. 
Pourtant, sachant fort bien que ce ne sera pas le dernier insecte vivant que nous apercevrons, Fripouille et moi, surtout dans un sous-sol, je commence sérieusement à me demander si je ne devrais pas apprécier davantage les saisons hivernales. Du moins, pas tant que j'habiterai au niveau du sol...