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Profilage criminel : tentative N°2 (3)

Publié le 10 août 2011 par Zegatt

Par une succession de hasards, je me suis trouvé avant-hier à dormir en bordure de Pau. J’ai donc poussé mes pas hier midi jusqu’au centre-ville afin de vérifier quelques hypothèses, et plus particulièrement les questions d’itinéraires que je posais dans l’article précédent. Vous ne trouverez aucune photo ici – je ne suis pas ici pour jouer les voyeurs, surtout quand une vue aérienne via GoogleMap est suffisante pour saisir la situation.

J’avais posé si vous vous souvenez les 3 possibilités d’itinéraires depuis le dernier endroit où A est vu jusqu’à son point normal d’arrivé. J’ai donc moi-même suivi ces trois chemins… En suivant G1, j’ai trouvé sur ma route 3 ou 4 bars, une pizzeria et, derrière les Halles (au sud donc) la population marginale de Pau. Cet itinéraire à 23h un samedi soir est donc invalide : si A était passé par là, il y aurait forcément des témoins.

Pour ce qui est de G2, j’ai commis une erreur. En descendant la rue du Dr Simian depuis la place de la République, il n’y a pas de sens interdit comme je l’avais annoncé dans le précédent article. La route est parfaitement praticable et aboutit depuis l’ouest, le sud et le nord sur une seule et même rue au croisement, la seule à ne pas avoir de sens interdit : la rue Galos.

Reste G3, c’est-à-dire longer les deux grandes places avant de passer directement à la place Samuel de Lestapis (le point d’arrivée). Ce coup-ci, le sens interdit y est bien.

Donc, en cycliste, si je veux bien respecter la signalisation, le trajet G2 s’impose. De plus, et là je ne parle que de mon ressenti, dans les mêmes conditions je serais moi-même attiré par cet itinéraire : la rue est plus ouverte si l’on passe par la rue du Dr Simian, et même s’il faut brièvement longer les Halles (ce qui est plus sombre et moins avenant que les deux places de la République et Marguerite Laborde qui sont pour leur part spacieuses et avec des arbres), les probables lumières en soirées et les boutiques visibles attireraient plus mon regard et ma route que l’itinéraire G3.

Notez par contre que, la rue n’étant pas un sens interdit comme je le croyais, une filature en voiture, même brève, redevient possible (mais notez également que comme la rue Galos réceptionne les deux sens de celle du Dr Simian et la rue qui la précède à l’ouest, tout est envisageable).

J’ai également fait le tour des rues attenantes à Galos. La parallèle au sud (rue Guichenné) ainsi que les places au nord, de même que la rue Despourrins à l’est et Carnot à l’ouest donnent une sensation de vie : route assez larges, boutiques, éclairages de nuit, bars pour certaines, etc.

Venons-en à la rue Galos en elle-même. Le croisement d’arrivée est large, mais relativement peu pratiqué malgré les trois axes qui y conduisent.
Hier, j’y entends du bruit. Des jeunes probablement, compte-tenu de la musique qui arrive à ma droite du deuxième ou troisième étage. Je m’avance, et si les lieux ne me semblent pas aussi vivants que les autres axes, il y a suffisamment d’habitats pour que des personnes y soient, des témoins potentiels pour la nuit qui nous intéresse (encore une fois, c’est un samedi soir, et un samedi soir on ne dort pas à 23h).

Il faut ensuite faire abstraction du décorum, de ce mausolée improvisé à l’endroit où le vélo de A a été retrouvé. Je m’imagine ici, cycliste, devant attacher mon vélo. Quelques minutes plus tôt, un type l’a fait devant moins sur une barrière qui borde le trottoir le long de la place Marguerite Laborde. Ici, pas de barrière. Seulement ce panneau de stationnement qui nargue le regard, le seul élément qui paraît le plus logique pour attacher un vélo, plutôt que de le mettre contre la devanture baissée d’un magasin (ce qui fait du bruit, n’est pas pratique, et peut gêner à terme) ou le long du grillage juste derrière ce fameux panneau, à l’emplacement d’un bâtiment détruit qui jouxtait le centre social qui fait l’angle Galos-Lestapis.

Je m’étais d’ailleurs demandé un moment si A n’aurait pas pu être attiré par quelque chose derrière ce fameux grillage. A première vue, il semble franchissable. Mais un vieux chien qui se traîne et le bâtiment qui le borde avec des vitres larges et des balcons rend peu probable un passage qui aurait attiré le regard.

Encore une fois, une sensation m’envahit en tentant d’imaginer les lieux à la nuit tombée. Et il me semble que le coin sombre, l’endroit de la rencontre entre A et son assassin se situe ici, juste après le panneau où le vélo est accroché. Il y a comme un malaise dans l’air, un coin de vide à ce niveau… Bien sûr, je ne parle que d’une sensation et rien de tangible, mais en m’essayant à visualiser l’endroit où, lors de cette fameuse nuit, tout a basculé, je penche pour le situer ici, dans les 10 mètres à la ronde autour du panneau, et plus probablement un peu après.

Quant à savoir qui accroche le vélo, je pense que c’est A qui l’a fait, pas son meurtrier. Le lieu est trop logique, trop visible, trop central, et l’acte de l’accrocher trop dangereux (pour des questions de traces, de temps, de visibilité) pour que le meurtrier l’ait fait.

Alors, reste l’assassin… A présent, comme je le disais plus haut, il est peut-être en voiture. Pour le reste, je persiste à penser que c’est un homme, mature, relativement intelligent, probablement diplômé d’un bac plus 2 ou plus, âgé de plus de 28-30 ans, probablement moins de 50-55 ans. Il vit en célibataire (tout du moins vit-il seul une partie du temps, et ne manquait à personne le samedi de la disparition). Son profil est à dominante fortement organisé (malgré l’acte Post Mortem poussé), loin du fou furieux ou du malade mental. C’est un homme raisonné, sûr de lui, peut-être même est-il orgueilleux. Il a (ou tout du moins avait) un emploi stable, peut-être exerce-t-il une position de pouvoir. C’est un homme qui a un mobile pour aborder A ; peut-être le connaît-il, ou bien il est déjà venu chez lui (artisan ?), ou encore a-t-il un statut particulier de confiance (chauffeur, pompier, policier, etc). Si c’est bien A qui accroche son vélo alors qu’il n’est qu’à quelques mètres de son point d’arrivée, c’est qu’il a une raison légitime de le faire, que celui qui l’aborde le pousse à le faire pour une quelconque raison : lui rendre un objet, lui poser une question qui demande un temps de réponse, entamer une conversation, lui proposer de monter dans sa voiture en usant d’un prétexte, etc.

Affaire… à suivre.



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