Vacances expérimentales

Publié le 10 août 2011 par Droledeprincesse

Cet après-midi, lors d’une pause langoureusement paresseuse au bord de la piscine, je me suis penchée sur la dernière édition du Madame Figaro. Comme toujours (tout est décidément une question d’habitude…), j’ai débuté ma lecture par la dernière page. La rubrique “En Privé” offre quelques confidences de gens (parfois célèbres, parfois mois) et se picore autant qu’elle se dévore, avec envie et légèreté. Dédiée aux vacances de l’interviewé, elle relate les préférences et les habitudes d’un homme ou d’une femme qui n’a alors soudainement (et c’est là que se joue toute l’illusion) plus vraiment de secret pour nous. Votre hôtel préféré ? La boisson à laquelle vous ne résistez pas ? Que trouve-t-on dans votre valise ? Votre truc pour déconnecter ?… Soudain, sa vie et ses souvenirs de vacances se mêlent aux nôtres. Un peu comme si nous nous connaissions depuis des lustres…

Abreuvée de détails dont je n’ai finalement que faire, j’ai ensuite fait un bond d’un bout à l’autre du magazine et zappé (comme d’habitude aussi) sur l’Edito.


J’ai adoré ce long préambule de l’auteur Laurent Seksik. Une introduction bavarde – qui parlait de nos vacances à tous avec un incroyable effet miroir – dont voici un extrait :

« Nous partons. L’instant est d’importance et les enjeux, sans être vitaux, sont de taille. Il s’agira en 3 semaines d’oublier l’année passée, de couper avec le quotidien , de resserrer le tissu familial, de ressouder les liens du couple, de reformer une vraie famille délitée par une année de vie parisienne. Changer d’air. (…) Goûter les saveurs oubliées. Sentir la douce somnolence du soleil de midi. Contempler les étoiles dans le ciel silencieux. (…)

Calme plat, douce somnolence et bonheurs minuscules

Nous avons besoin de quiétude. Nous rêvons de nous immerger dans une eau cristalline. Nous laver le cerveau. L’année fut rude. Nos yeux en ont trop vu. (…) Nous rêvons de bonheurs minuscules. Un rien nous comblerait. Nous désirons le calme plat. (…) Le doute nous assaille. Et si nous avions investi trop d’affect dans les 3 semaines à venir ? Sommes-nous trop ambitieux, déraisonnables ? Nous observons ceux partis avant nous qui reviennent déjà. Le hâle sur leur visage leur donne un air de sérénité. Ont-ils trouvé ce que nous cherchons ? Nous n’osons leur demander si l’on voit le monde différemment les yeux surexposés à la lumière du jour. Nous préférons conduire notre propre expérience. Nous partons. »


Je me reconnais dans ce portait de vacancière sur-ambitieuse, gourmande de tout, désireuse d’en faire le moins possible tout en n’en loupant pas une miette, impatience de couper avec la vraie vie et de plonger dans un sas de décompression, une parenthèse où bien-être, détente et relaxation ne font qu’un, un monde merveilleux où l’on redort enfin du sommeil du juste… Je me vois ouvrir les yeux chaque matin, en me disant que les journées passent vite, qu’il faut en profiter, se fabriquer des souvenirs à feuilleter tout l’hiver, des photos à coller dans un grand album… Je m’observe aller vite, vouloir tout faire et ne rien manquer, surveiller  le calendrier tout en regardant, parfois, le temps s’écouler lentement. Je me surprends alors à prendre le temps des choses : celui de sourire et de rire, de manger calmement, de cuisiner, de lire, de prendre soin de moi, d’observer le paysage immobile ou le ciel qui file, de discuter longtemps et de regarder mes enfants grandir. Eux aussi mettent la barre haut. Ils arrivent, l’air de rien et le nez au vent, avec des millions d’envies et d’idées de jeu, avec des devoirs de vacances, des ballons à gonfler et des poupées à cajoler. Les soirées s’éternisent et s’empilent sur des journées déjà remplies à ras bord. On rit comme des fous.

C’est ça les vacances. Un peu de tout et de rien qui, mis bout à bout, forme une inoubliable expérience avec soi-même et avec ceux qu’on aime…

Une expérience qui n’est jamais tout à fait la même mais à laquelle on se reprend secrètement à rêver dès le retour à la terre ferme, la dernière page à peine refermée…