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Petite discussion avec une momie

Publié le 14 août 2011 par Araucaria
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Il y a quelque temps, fatiguée par certains textes trop sérieux ou parfaitement rasoirs, j'avais voulu rire un peu et j'avais choisi ce livre pour passer un après-midi en visite dans la chambre d'une clinique... La patiente, ma fille, venait de subir une ablation des amygdales. J'ai évité de lui lire des extraits du texte, pour ne pas la soumettre à la torture, mais j'ai ri aux larmes et ai passé un très bon moment plongée dans la lecture de ce roman très court.
Résumé : le narrateur, après une collation légère, un endormissement rapide la tête protégée de son bonnet de nuit, est réveillé en plein sommeil, convoqué par une société de savants, très sérieux, pour procéder à la dissection d'une momie. Nous allons donc faire la connaissance d'Allamistakeo.
En avant pour le voyage....
Les savants ont sorti Allamistakeo des trois caisses dans lesquelles il reposait, ayant ôté les bijoux et feuilles de papyrus qui le protégeaient, ils le découvrent, en parfait état et entier n'ayant subi aucun outrage avant son embaumement.
La nuit étant déjà bien avancée, il remettre la dissection à plus tard, cependant les savants décident de tenter une expérience avec une pile Volta....C'est alors que le narrateur rencontre le regard d'Allamistakeo, et constate avec effroi que notre momie ne possède pas des globes oculaires de verre peint, mais ses yeux originaux et naturels.
"Je poussai un cri, et attirai l'attention sur ce fait, qui devint immédiatement évident pour tout le monde.
Je ne dirai pas que j'étais alarmé par le phénomène, parce que le mot alarmé, dans mon cas, ne serait pas précisément le mot propre. Il aurait pu se faire toutefois que, sans ma provision de Brown Stout, je me sentisse légèrement ému. Quant aux autres personnes de la société, elles ne firent vraiment aucun effort pour cacher leur naïve terreur. Le docteur Ponnonner était un homme à faire pitié. M. Gliddon, par je ne sais quel procédé particulier, s'était rendu invisible. Je présume que M. Silk Buckingham n'aura pas l'audace de nier qu'il se soit fourré à quatre pattes sous la table.
Après le premier choc de l'étonnement, nous résolûmes, cela va sans dire, de tenter tout de suite une nouvelle expérience. Nos opérations furent alors dirigées contre le gros orteil du pied droit. Nous fîmes une incision (...). Rajustant la batterie, nous appliquâmes de nouveau le fluide aux nerfs mis à nu, - quand, avec un mouvement plus vif que la vie elle-même, la momie retira son genou droit comme pour le rapprocher le plus possible de l'abdomen, puis redressant le membre avec une force inconcevable, allongea au docteur Ponnonner une ruade, qui eu pour effet de décocher ce gentleman, comme le projectile d'une catapulte, et de l'envoyer dans la rue à travers une fenêtre.
Nous nous précipitâmes en masse pour rapporter les débris mutilés de l'infortuné; mais nous eûmes le bonheur de le rencontrer sur l'escalier, remontant avec une inconcevable diligence, bouillant de la plus grande ardeur philosophique, et plus que jamais frappé de la nécessité de poursuivre nos expériences, avec rigueur et avec zèle."
Petite discussion avec une momie - Edgar Poe - Folio n°4558

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