La 64e édition fera date. Avec une foison de moments forts et de découvertes. Et malgré son palmarès controversé.
« Le Festival de Locarno vit actuellement en état de grâce », déclarait Marco Solari avant même l’ouverture de l’édition 2011, et le bilan final de celle-ci donne raison, dans les grandes largeurs, au Président de la manifestation. De fait, et malgré la pluie, ce grand rendez-vous des amoureux de cinéma a été marqué cette année par de très beaux moments et par maintes découvertes tous azimuts.
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![Les bonheurs de Locarno Locarno1105.jpg](http://media.paperblog.fr/i/476/4760840/bonheurs-locarno-L-ATydEu.jpeg)
![Les bonheurs de Locarno Locarno1104.jpg](http://media.paperblog.fr/i/476/4760840/bonheurs-locarno-L-L22NiR.jpeg)
![Les bonheurs de Locarno Locarnokit54.png](http://media.paperblog.fr/i/476/4760840/bonheurs-locarno-L-JGQkw6.png)
Surtout, dans la ligne accentuée par Frédéric Maire avec l’appui de Marco Solari, le directeur artistique et son équipe ouvrent le festival à un public de plus en plus large. Le Festival de Locarno a cela de particulier que le public, sympathique et éduqué, y est roi. L’ambiance de Locarno est conviviale, les nombreuses salles font le plein, les débats publics sont souvent intéressants, l’atmosphère de la Piazza Grande est unique au monde.
Reflet de la réalité mondiale avec les thèmes des films présentés (l’immigration, le choc des cultures et des générations, l’environnement menacé ou les peurs apocalyptiques), le Festival de Locarno est aussi représentatif de goûts difficiles à concilier. Le palmarès de cette année, comme celui des deux éditions précédentes, signale ainsi un hiatus certain entre les critères des jurés professionnels, cinéphiles pointus, et ceux du public.
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Le palmarès (partiel) de l'édition 2011
° Le Léopard d'or de la compétition internationale a été attribué au premier film de Milagros Mumenthaler, Abrir puertas y ventanas (Back to stay), production helvético-argentine.
° Un léopard d'or spécial du jury revient à Tokyo Koen, du Japonais Shinji Aoyama.
° Un autre prix spécial du jury est décerné à Hashoter, de l'Israélien Nadav Lapid.
° Le léopard d'or de la section Cinéastes du présent a été décerné à L'Estate di Giacomo, de l'Italien Alessandro Comodin.
° Un prix spécial du jury, dans la même section, revient à L'Estudiante, de l'Argentin Santiago Mitre.
° Fernand Melgar a reçu, pour Vol spécial, le Prix du jury oeucuménique et le Prix du jeune public. Il a annoncé que le total des sommes reçues serait reversé aux requérants déboutés qui ont participé au film.
![Les bonheurs de Locarno Melgar56.jpg](http://media.paperblog.fr/i/476/4760840/bonheurs-locarno-L-8Y5LkP.jpeg)
Interrogé à propos de l'absence, au palmarès, de Vol spécial, le documentaire percutant de Fernand Melgar consacré aux vols spéciaux par lesquels, dans des conditions révoltantes, les sans-papiers sont renvoyés de Suisse, Paulo Branco, le président du jury, a parlé d'un « film fasciste » au prétexte que les victimes et les bourreaux bénéficient de la même attention de la part du réalisateur. Ce jugement, absolument injuste à nos yeux, fait fi de la qualité majeure du travail de Melgar, fondé sur l'honnêteté intellectuelle et l'approche non partisane d'une situation complexe dont pâtissent évidemment les requérants d'asile déboutés, mais aussi les fonctionnaires et autres gardiens, souvent choisis parmi des étrangers sensibles au drame de l'immigration.
Questionné à propos de cette accusation violente, Fernand Melgar a très justement invoqué la différence d'approche de deux générations : celle de Paulo Branco, dont l'engagement manichéen est typique des années 60-80, où la posture de dénonciation passait avant l'exposition des faits, et celle des cinéastes du réel qui, comme Melgar lui-même ou comme un Jean-Stéphane Bron, estiment que les faits sont assez forts pour convaincre le spectateur sans lui imposer la leçon de manière péremptoire et univoque.