De Gontran, tout le monde s'accorde à dire que c'est un "chic type".
Et tout le monde insiste : "Vraiment".
J'ai eu l'occasion de croiser Gontran, une fois ou deux.
Pas assez pour rallier l'avis général, pas assez pour le contester.
Mais un jour, mon ignorance m'a blessé.
Pour Gontran, j'entendais toujours le même qualificatif : "chic".
Et, en écho, "Vraiment".
Que ses zélateurs m'expliquent, un peu.
Ils ont tous refusé.
Prétextant que, précisément, "ça ne s'expliquait pas".
Enfin, l'un d'eux a accepté de me donner une indication.
"Regarde son profil facebook et tu comprendras".
Je n'ai pas regardé son profil, je l'ai scruté : il n'y avait qu'un Photomathon.
Je suis retourné voir celui qui m'avait dit que j'allais comprendre.
Pour lui dire que non, je n'étais pas renseigné.
Il a blêmi.
"C'est grave ?", lui ai-je demandé, inquiet (pour moi).
"Tu… Tu… Tu n'as rien vu ?".
"Non".
"Son avatar ?".
"C'est un Photomathon".
"Mais nom d'un chien, je ne te crois pas".
J'ai promis que je ne blaguais pas.
Après un long silence, il m'a dit : "Et les larmes ?".
"Quelles larmes ?".
"Son avatar pleure".
"Tout le temps ?".
"Oui, tout le temps".
"Je vais te dire deux choses, mon gars : Un, je te répète que je n'ai rien vu. Deux, je t'assure que je vais de nouveau regarder".
J'ai donc recommencé à observer l'avatar de Gontran.
Rien, il ne s'est rien passé.