J'allaite mon fils depuis bientôt 16 mois et ni lui, ni moi, ne pourrions nous passer actuellement de ce lien si fort qui nous unit. Pourtant, c'est une partie de notre relation à côté de laquelle j'aurais pu aisément passer. Ma mère ne m'a pas allaitée, ma belle-mère n'a pas allaité mon mari et mes amies sont plutôt du genre à biberonner. Et je crois vraiment que l'environnement y joue pour beaucoup dans l'envie d'allaiter de la jeune maman.
Moi, j'ai toujours eu envie d'allaiter. Je me disais "si je peux, je le ferai !". En fait, je craignais de ne pas avoir de lait, comme beaucoup de femmes de la génération de ma mère.
Naïve que j'étais, ou plutôt terriblement mal informée comme tant de jeunes femmes, je ne soupçonnais même pas qu'il était possible d'allaiter un enfant adopté, sans jamais avoir été enceinte !
J'avais envie d'allaiter car cela me paraissait tout à fait naturel. J'ai cru tardivement que ma mère l'avait fait pour moi. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je le pensais encore après la naissance de mon bébé.
Mais alors, d'où pouvait venir cette envie d'allaiter, ce sentiment qu'il était si naturel de le faire ? Moi qui n'ai pas été la grande soeur d'enfants en bas âge, ni même la cousine, moi qui n'ai jamais pu observer une maman allaiter... Enfin, sauf une fois. Et celle-ci fut sans doute déterminante.
Je devais être âgée de 7 ans environ, et j'avais pour habitude de jouer chez mes voisins. Certains d'entre eux formaient une famille nombreuse d'au moins 6 enfants, dans une maison comme la mienne avec seulement 3 chambres, et étaient de confession juive.
Autant dire, que du haut de mon statut de petite fille unique et assidue au caté, leur façon de vivre était à des années lumière de la mienne. Mais j'aimais bien passer du temps avec eux...
Un jour, alors que je suivais un de mes petits camarades, je suis entrée dans une des chambres, où la maman allaitait son bébé. Je me souviens avoir été fascinée et avoir passé de longues minutes à les observer tous les deux. La maman ne se cachait pas et arborait un sourire tendre, signe que ce qui se passait était naturel et devait être agréable.
Avec du recul, je pense que c'est cette image qui est restée gravée en moi et qui m'a insufflé cette forte envie de réussir mon allaitement, même si tout ne fut pas rose au début...
Je pense donc qu'il est important de ne pas se cacher quand on allaite, de ne pas hésiter à en parler autour de soi, et d'expliquer aux jeunes enfants que c'est naturel d'allaiter. Et peut-être qu'un jour, enfin, nous n'aurons plus à justifier notre choix d'allaiter notre enfant, même s'il marche déjà...