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Mauvais feeling

Publié le 19 août 2011 par Jeff @DagenaisJF
Mauvais feelingTrois jours plus tard, toujours aucun coup de fil pour cet emploi. Je désespère. « On a un urgent besoin de chauffeurs » me dit-il. Je ne sais pas trop mais j'ai comme un mauvais feeling tout à coup.
Une intuition qui me parle tout bas, dans le creux de l'oreille et qui me dit de ne pas être surpris si la compagnie d'autocar ne me rappelle pas. Je ne sais pas, c'est vraiment une drôle d'intuition. C'est difficile à exprimer avec des mots. 
Pas que je suis négatif, non. Je veux être positif mais ça tourne tellement vite dans ma tête en ce moment qu'elle me tourne dans tous les sens. Un mal de crâne affreux qui commence et qui s'étire en longueur. Il faut que je travaille. C'est toute ma vie. Je suis tellement déterminé à y retourner qu'une décision négative de leur part serait bien capable de m'anéantir. De tuer mon espoir. De me tuer moi.
J'ai envoyé mon Curriculum Vitae et j'ai attendu. Quelques jours à peine. Et tout a déboulé par la suite. L'entrevue un lundi après-midi et l'examen routier le jour suivant. Tout avait bien été et encore maintenant j'ai un peu de mal à le réaliser. Jusqu'au moment où il me raconte qu'il fera une enquête, des téléphones à mes anciens employeurs. Question de mieux me connaître sans oser me le demander directement. 
L'employeur dont je fais référence est également une compagnie importante de transport de passagers basée sur la rive sud de Québec. Montmagny. Je travaillais pour leur filiale de Montréal. Un jour, j'ai fais une bêtise avec un contrat et on m'a congédié. Trois années de bons et loyaux services. Ils ont prétendu que j'avais été distrait. Que j'avais mal lu le contrat. Possible. 
En réalité, j'attendais mon client à Montréal et le contrat stipulait que je devais le prendre à Sherbrooke. Je m'étais attardé sur le nom de la rue et cette rue existe dans le centre-ville de Montréal. C'était mon erreur et j'ai payé cher. Mais sur mon CV, le nom de cette entreprise y figure toujours. Terrible méprise. 
C'est ça qui craint. C'est de ça qu'il s'agit lorsque je parle de mauvais feeling. Quand bien même que je serais la personne la plus positive, il reste que ce doute est en moi. Bien ancré dans mon inconscient et mon subconscient. Et tant que cet appel ne se fera pas, ce doute prendra de l'ampleur. Peut-être me donnera-t-il raison ? 
Pour le moment, je dois chasser cette idée de ma tête. Je dois oublier. Je dois surtout supprimer le nom de l'entreprise qui doit encore raconter des absurdités à mon sujet. Je ne travaille plus pour eux depuis 2003 pourtant. Je dois alors garder la tête froide et demeurer le plus objectif possible. 
Le chômage se termine avec le dépôt de ma dernière prestation la semaine prochaine. Alors oui je suis inquiet. Je suis seulement terrifié à l'idée de perdre le contrôle. Le contrôle de mes finances, le contrôle de mon avenir. Je ne peux rien dire de plus ici mais je sens que tout m'échappe. 
J'aimerais tellement voulu m'en remettre à Lui. Cette impression écrasante de marcher seul. La tête baissée et le moral à plat. Je me souviens une fois, dans un cours de religion, le prof affirmait que parfois on peut se sentir seul dans certains moments de notre vie. Il y avait une affiche épinglée sur un mur de la classe. 
Un homme, apparemment seul marchait pieds nus sur le sable. Il semblait abattu. Sa tête penchait lourdement vers le sol. L'astre était à son zénith et on ne voyait que l'ombre du marcheur. Pourtant, en regardant plus attentivement, des pas l'accompagnait, bien visibles et parallèles aux siennes. 
Mais le marcheur ne le voyait pas. Il ne réalisait pas qu'il était soutenu par une présence invisible, comme un père va soutenir son fils ou sa fille et qui ère dans la pénombre et le désespoir. Il n'a besoin que de soutient moral.
Il a besoin d'un remontant. Pas de boire. Un remontant psychologique. Besoin de croire qu'il a une bonne étoile et qu'il peut encore croire en lui.
Mauvais feeling

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