Une victoire à la Pyrrhus
Oui, avec sa cohorte de morts. Tripoli est un vrai carnage, avec plus de 1500 morts et plus de 5000 blessés. Bravo ! La raison du plus fort étant toujours la meilleure, comme je le précisais sur Télésud: « C’est fini, les Occidentaux feront tout ce qu’ils veulent en Libye ». Ils l’ont fait. Des cris de joie, des quolibets, de la haine se lisent et s’exercent dans tout ce que ceux qui défendent la souveraineté d’un pays subissent. Peu importe les crimes contre l’humanité, de guerre, aussi, les membres de l’OTAN ne pourront jamais être traduit devant la Cour pénale internationale (CPI) qui attend Seif al-Islam. Qu’a-t-il donc fait ? C’est la question à mille pétro-dollars. « La Libye est libérée ». Tiens donc….
Mouammar Kadhafi, selon des sources diplomatiques, se bat encore, retranché dans son palais. Il veut mourir l’arme à la main. C’est tout à son honneur. Mais, que s’est-il passé à Tripoli pour que les renégats puissent être maîtres de la ville en une nuit alors qu’ils étaient incapables de prendre des villes de 100 000 habitants ? Les 10 000 hommes de Khamis kadhafi ont été infiltrés. Lorsque ce dernier a demandé à ses hommes de le rejoindre pour commencer la défense de Tripoli, il s’est retrouvé seul dans sa caserne. Auparavant, ce sont les forces spéciales de l’OTAN qui ont capturé Seif al-Islam dans son domicile où se trouvait aussi son frère, Mohammed, qui s’est rendu à son tour. Ils ont été remis aux galopins de Benghazi.
La responsabilité et l’irresponsabilité des Africains
la chute de Mouammar Kadhafi, l’un des derniers défenseurs du panafricanisme vivant prouve donc que, les dirigeants africains sont pusillanimes et inconsistants. Ne veulent-ils pas simplement profiter, comme les occidentaux des avoirs libyens et s’enrichir sur le dos d’un homme courageux, qui s’est battu pour son peuple ? dans une étude que j’avais réalisé pour Al Jazeera, (clic) de voir comment Mouammar Kadhafi luttait pour sortir l’Afrique de l’ornière, on ne peut comprendre le mutisme des Africains face à ce qui s’est passé en Libye. Mais, qu’ils sachent une chose, leur tour c’est demain, puisque les rois du monde feront de cet essai libyen, la règle. J’ai mal pour le peuple libyen qui est tombé dans un traquenard. Il se rendra très vite compte. Leur démoncratie se résumera à un bulletin de vote. C’est tout.
Tout compte fait, l’honneur et la morale doivent nous faire reconnaître notre défaite. Je reconnais donc volontiers que j’ai perdu. C’est mon honnêteté intellectuelle qui le commande. Si l’inverse s’était passé, ma grandeur d’âme n’allait pas me pousser à rire des perdants. Les forces en face, comme je le précisais, disproportionnées, ne pouvaient perdre cette guerre. On pouvait parler de miracle. En revanche, j’ai cru un instant que le peuple allait comprendre que c’était une guerre de prédation et non pour les sauver et apporter la démocratie. Bien plus, j’ai cru un instant que, les leçons d’Irak, d’Afghanistan et récemment de Tunisie et d’Égypte où, finalement, rien ne se passe, allaient leur servir de leçon. Hélas. Hier, j’ai pleuré mais, la vie continue puisque ce qui ne tue pas, rend plus fort…..