Des vacances en enfer (ou presque)

Publié le 23 août 2011 par Cochondingue

Vendredi 12 août, 18h. Je suis tellement fatiguée que la seule perspective de partir en vacances me fatigue davantage. La maison est dans un état indescriptible, les valises encore vides et mon client me tient toujours la jambe au téléphone. Il hésite entre une typo Helvetica ou Arial pour son site internet. En fait, il ne sait pas trop, il se tâte.
Il me raconte qu’il a acheté une nouvelle Peugeot, j’en suis ravie pour lui.
Je baille en silence.
Je le relance sur la typo, histoire de raccrocher au plus vite.
Quelle typo ? Me dit-il. Ah oui, la typo…
Il semble très déçu que je ne m’intéresse pas plus à sa Peugeot.
Il est 18h30. On avait prévu de partir à 19h, mais là ça devient vraiment utopique. Je suis tellement fatiguée que je pourrais me coucher à même le sol et dormir pendant toute une semaine. J’émergerais de temps en temps, histoire de me sustenter en chopant des insectes sur le parquet et des boulettes de poussières riches en acariens et en vitamine C.
Quand même, passer ses vacances dans le Sud, c’est d’un banal… Et partir le week end du 15 août, aurait-on pu choisir pire date ? J’aime beaucoup ma famille, mais là, il faut vraiment que j’aie le sens de l'abnégation pour consentir à de tels sacrifices.
La petite est à mes pieds, elle ronge le câble de mon ordinateur allumé. Je lui dis d’arrêter, c’est dangereux, elle risque de tout me faire planter. Elle me regarde en souriant, sans arrêter de grignoter, puis sans signe avant-coureur, elle pète. Un pet bien tonitruant, comme seuls les bébés (et quelques individus infréquentables) savent en faire. Mon client au téléphone s’est arrêté de parler. Il a l’air gêné. Hum…
Et donc, votre Peugeot, essence ou diesel ?
Il est 19h, j’ai enfin raccroché. Un tas de fringues en vrac dans la valise, le bébé sous le bras, le mari au volant, le Frère chopé en route, nous partons enfin pour une semaine de vacances.
Vous allez bien ? nous demande le Frère, en montant à bord.
Comment lui dire qu’ils sont tous bien gentils mais que je préfèrerais passer cette semaine à dormir chez moi sur le plancher et me nourrir de jus de blattes, plutôt que d’endurer 800 km dans la même voiture qu’un bébé qui pleure au moindre ralentissement, qui hait les feux rouges et les gens qui ont l’affront de traverser sur les passages piétons, et ne parlons pas des embouteillages. Non, n’en parlons surtout pas. Vous avez déjà été enfermés 14h avec un bébé qui hurle ? Non ? Alors vous ne connaissez rien à l’enfer.
Mon frère me regarde, puis jette un coup d’œil sur le bébé dans son siège auto.
- Ne stresse pas comme ça, la Soeur. Regarde comme Bababi est calme. Elle dort déjà.
- Mais tu ne dois pas te fier à ta 1ere impression ! Ce n’est que le début ! Elle cherche juste à nous amadouer et toi tu es tombé naïvement dans son piège. En vérité je vous le dis, l’apocalypse selon St Jean c’est de la gnognotte comparé à ce que nous allons subir !
Samedi 16h30, nous arrivons à destination.
En fait, c’était pas si terrible. J’avais appréhendé ce voyage, alors que bon, on s’en sort quasiment indemnes et avec des tympans plus ou moins intacts.
- Ca va le Frère ?
Il a tellement de valises sous les yeux, que s’il prenait l’avion il paierait un supplément bagages.
- Oui, ça va... Mais je crois que je vais aller me coucher un peu sur le parquet, les chambres sont trop loin. Ne me réveillez pas, j’ouvrirai juste un œil de temps en temps pour gober les araignées qui passent.

A suivre…