Magazine Graphisme
Tracer en musique.
Publié le 29 août 2011 par AbutilonAu cours du stage, Massimo Polello nous a proposé un exercice relativement classique : calligraphier en écoutant un extrait musical. C'était une situation qui m'était connue, et dont je n'avais pas un bon souvenir. Cela tient au fait physique que la main ne peut pas suivre le tempo de la musique. Pour moi, l'exercice tournait à la course échevelée, j'essayais désespérément de transcrire la partition et le résultat se révélait peu satisfaisant. Alors cela dit, plusieurs calligraphes et non des moindres pensent que cet exercice est intéressant. Je suppute qu'ils le proposent pour stimuler la créativité, suspendre ce désir de maîtrise du trait qui parfois limite, obtenir de nouvelles formes, ouvrir vers la spontanéité, le geste direct. Je rapprocherais cet exercice de celui qui est pratiqué dans les cours de dessin de modèle vivant, où l'on exige un croquis dans un temps réduit pour aller à l'essentiel.
Il se trouve que quelques jours auparavant, j'avais visité une exposition "Les couleurs du son", consacrée à Yves Paranthoën qui a exercé le métier de preneur de son à Radio France pendant des années. Pour faire court, l'exposition présentait non des images documentaires mais des paysages sonores. En écoutant les enregistrements proposés, je me trouvais transportée dans un espace sonore, je percevais un lieu en trois dimensions.
J'ai abordé l'exercice proposé par Massimo Polello avec d'une part cette optique de perception sonore et d'autre part comme une application du travail sur le rythme qu'il nous présentait depuis le début du stage. Le "protocole" était le suivant : divers outils et couleurs étant disposés devant nous, nous écoutions le début de l'extrait, puis nous calligraphions en musique pendant deux à trois minutes, et Massimo nous laissait environ une minute pour terminer. La première écoute m'a permis de cerner l'atmosphère du morceau, de faire des hypothèses sur la suite. (Mis à part le dernier, Carmina Burana, je ne les connaissais pas.) Ensuite, pendant l'écoute en action de l'extrait, j'ai prélevé et transcrit des éléments significatifs de la musique, en les superposant. On peut comparer cela aux différentes pistes qui constituent un enregistrement musical.
Il est cependant à noter que le lendemain, lorsque nous avons mis l'ensemble de nos travaux en commun, de nombreux morceaux graphiques méritaient d'être isolés et développés, et que les motifs pris à la volée présentaient suffisamment de points communs pour qu'il soit possible de les associer à chaque extrait musical utilisé.
Le soir, j'ai repris quelques-unes de ces ébauches sur mon carnet d'essais et de fonds de matière. Vous les verrez prochainement.