C'est un genre à lui tout seul - un poème symphonique sous acide apte à séduire les ados fans de mangas, à donner envie aux philosophes et aux poètes reclus de prendre la clef des champs, à faire frissonner de délice les vrais amoureux de cinéma.
"Ode à la vie / Ode à la poésie" chantait Bashung. Et d'ajouter : "Ode à la parodie". Parodie de manga, parodie de film de yakuza, parodie de film pour intello, MINDGAME fusionne les genres, transcende les clichés, pervertit les techniques (a-t-on jamais si bien manié, superposé 2D, 3D, calques, pastels, gouaches, papier crépon ; et dans un montage si juste - effréné, saccadé, démonté) pour porter finalement un seul message, étayé par un récit relevant de l'anecdotique - mais surtout du symbole. Un seul message : une déclaration d'amour à la vie.
Et comme dans toutes les déclarations d'amour, les mots importent finalement assez peu. Ils sont voitures miniatures avec lesquels on fait joujou - mais c'est la sincérité du propos qui prime. Et de la sincérité, MINDGAME en a des malles à revendre : pas de censure à l'esprit créatif qui bombarde, dans le même temps, d'hyperboles alambiquées et de mots parmi les plus simples, de fantasmes et de souvenirs, d'appétence pour l'avenir et d'angoisse de l'amnésie. "À découvert le ventre à l’air / Ancré dans la baie du bonheur"...
Magnifique film.
9/10 "in my book"
Signé Matthieu Gredain