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J’ai 10 ans de trop…

Publié le 31 août 2011 par Paumadou

J’ai 10 ans de trop…L’année dernière, je suis tombée au Furet sur le bouquin ultra-génialissime d’un véritable petit génie littéraire (en tout cas, c’est ce que laissait présager le bandeau en couverture…)

L’auteur était une lycéenne de même pas (ou à peine) dix-huit ans. J’avoue que le sujet et le début (ce à quoi je juge si j’ai envie de lire, ou non, un livre) ne m’avait absolument pas convaincu. Et les critiques de blogueurs que j’ai lu par la suite n’ont absolument pas changé mon avis.

Cette année, j’en ai parlé brièvement ici, sort un livre d’un auteur de 18 ans, présenté comme un nouveau Radiguet, un génie (tiens encore un) avec un ego assez gonflé par son éditeur (ou certaines critiques élogieuses… je déteste les critiques uniquement élogieuses, j’ai toujours l’impression qu’elles manquent de franchise. Il y a toujours des défauts dans un texte, une bonne critique devrait les dévoiler pour être vraiment complète)

Bref, cet auteur a donc écrit un chef d’oeuvre (toujours selon l’éditeur) à 18 ans (il a commencé à 16…) – Hourra-Cocorico-Un nouveau Chateaubriand est né. (enfin, Goethe… puisqu’il fait référence aux Souffrances du Jeune Werther… son côté romantique sans doute, échevelé, poseur… Je rappelle que Goethe a regretté avoir écrit ce bouquin parce qu’on lui a collé cette image d’icone romantique sur le dos, alors qu’il se moquait clairement de cette attitude autodestructrice et purement égoïste : Marien, si tu passes par ici, lis donc le second Faust et tu verras que Goethe n’a rien d’un romantique et que l’âge apporte sagesse et prudence. Surtout qu’un petit génie par an, c’est beaucoup…)

A 18 ans, j’étais conne. Je le dis, je le répète et même si on a l’impression d’être adulte parce qu’on a le droit de conduire, de boire de l’alcool et de fumer (pas tout en même temps, c’est illégal je le rappelle), on reste un adulescent (terme bizarre, mais là ça le fait : plus un ado boutonneux, pas encore un adulte)

Tout cela n’a rien à voir avec un vécu (un peu quand même, je doute que ces deux auteurs, au regard de leur vie bien rangée, aient eu un vécu suffisant pour comprendre ce que je veux dire par « vérité des sentiments et des personnages »), mais tout simplement avec la physiologie : le cerveau humain n’atteint sa maturité qu’à partir de 20ans. Avant, on a des réactions immatures (emportement, colère, crise…), on se croit supérieur, on s’enflamme, et finalement (même si c’est nécessaire pour se construire), on devient barbant à vouloir faire la leçon aux vieux cons.

Bref, on n’en reste pas moins IMMATURE.

Ce n’est pas pour rien que je n’ai commencé à écrire qu’à 28ans, avant, je n’étais tout simplement pas prête.

Bon, passons sur l’âge et revenons aux génies.

Les textes géniaux-génialissimes sont assez sensiblement du même sujet : un milieu bourge à souhait, qui se languit dans un monde passéiste. Ok, je reconnais qu’on est pas obligé de ne parler que chômage, banlieue et immigration. En fait, c’est l’autre extrême. Il n’y a pas de milieu dans la littérature française, on est soit privilégié dans des milieux bourgeois, soit on doit se battre contre les préjugés, le racisme, ou tout autre difficulté liée à une origine HLM-immigré – car il n’existe pas de banlieues tranquilles et pavillonnaires dans la France littéraire…)

Bref, des gens comme moi, dans la littérature contemporaine, y’en a pas (ou alors c’est pour les trouver pathétiquement nuls comme chez Foenkinos…). Ça n’intéresse personne sans doute… Mais c’est un autre débat.


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