Un beau texte pour dire aurevoir à l’été

Publié le 31 août 2011 par Sheumas

Je lis avec plaisir et intérêt le blog d’Antigone qui nous donne à découvrir parfois de très beaux textes. http://antigone55.over-blog.com/ Je ne résiste pas à l’envie ce matin de vous faire partager la beauté de ce passage écrit par un auteur que j’apprécie, auteur qui évoque avec mélancolie la vie qui passe et les visages qu’il a croisés... Antigone le cite dans son blog à la date du 27 août.

   Je ne me ferai jamais à la fin de l'été. Jamais; Les charmes de l'arrière saison, la splendeur de l'automne, la douceur des pulls et le retour des feux de cheminée, c'est inutile de m'en parler, je refuse de toutes mes forces la fin de l'été. Je l'ai trop attendu, je l'ai trop voulu. Chaque année, au printemps, je guette la première explosion des feuilles. Enfin du vert, du vivant! Les arbres sont faits pour avoir des feuilles. Je ne connais rien de plus sinistre que la chute des feuilles, en automne, qui annoncent ces longs mois d'arbres noirs, d'arbres mots en hiver. Ce qui me fait tenir, c'est cette certitude qu'à partir du 21 décembre, les jours rallongent. Quelques secondes, puis quelques minutes, oui, c'est bien sûr, on va vers l'été. J'aime mai et juin quand les feuilles sont encore tendres, fraîches, luisantes. J'aime ce qu'elles annoncent, les longues journées d'été, l'explosion des couleurs, le soleil qui joue dans l'herbe, qui fait rêver la terre.

   C'est à cause des grandes vacances, de l'enfance, le nez dans l'herbe, pour des semaines et des semaines d'éternité. Les arbres qui chantent au-dessus de la tête. Le temps qui prend son temps. On peut se laisser aller, on peut croire au bonheur. On peut serrer la terre dans ses bras.C'est l'été. Les grandes vacances. Je me disais, enfant, qu'on devrait interdire la fin de l'été. Je n'ai pas changé d'avis.

   [....]Cette impatience est vaine. Bien sûr. Surtout, elle est cruelle : vouloir accélérer le temps, c'est comme brûler le temps qui reste. J'ai hâte d'être demain, après-demain. Mais le temps, alors, aura passé. Ce temps que je ne regagnerai jamais. Il faudrait accepter l'automne et l'hiver, les arbres morts, les nuits trop longues, parce que c'est le temps de la vie, c'est du temps pour vivre. Mais j'ai cette impatience, toujours. Et toujours ce regret d'avoir accéléré le temps. Et l'été passe tellement vite....

Alain Rémond " Comme une chanson dans la nuit"