JEUDI EN POESIE
Brocéliande Adamante - huile sur toile 92 x 65
J’ai goûté une nouvelle fois au bonheur de cette pluie bienfaisante, de cette pluie de lumière, de cette pluie sans eau qui m’avait fait penser un jour :
“si c’est cela la mort, je veux bien partir tout de suite!”.
Et une petite voix m’avait alors susurré :
“ce n’est pas nécessaire, puisque tu peux déjà le vivre sans partir!”
Combien d’années se sont-elles écoulées depuis ce premier moment Grand père ?
Les souvenirs s’estompent, une brume s’installe, nous enveloppe et nous anesthésie.
Cette même brume qui se plaît parfois à nous révéler un bref instant quelque trésor qu’elle dissimule ensuite à nos regards.
Mais la découverte, aussi fugace soit-elle, nous pousse à entreprendre notre quête.
Cherche et tu trouveras !
J’ai voyagé, de jours de fête en jour de deuil, de grisaille en soleil. J’ai cultivé, glané, goûté, écouté et touché, pour enfin aujourd’hui me retrouver une
seconde fois baignée de cette pluie.
Il a suffit pour cela de la pureté décapante des grands espaces pour que craque ma carapace, alors elle s’est répandue sur moi, en moi, elle m’a baignée, engloutie,
me faisant m’oublier pour me révéler à moi-même et au monde.
Elle est pour moi le cadeau des cadeaux Grand père, l’unique merveille du monde, celle que l’on n’érige pas.
Elle coule sans cesse, pourtant la moindre fermeture du cœur ou de l’esprit nous en sépare.
Demain peut-être encore l’oublierai-je derrière ma carapace reconstituée, mais quelle importance ?
Puisque tel est mon but, ma quête, mon chemin croisera de nouveau sa source, je me dépouillerai de tout pour la retrouver.
Oui Grand père, ceux qui cherchent et parfois désespèrent, ceux qui croisent le doute, s’ils persévèrent, s’ils luttent avec la conviction qu’il existe en ce monde
quelque chose de beau, alors ceux-là vaincront.
La vie s’offre à ceux qui défendent au plus profond d’eux leur volonté de vivre autre chose que la laideur.
Lorsque nos forces se délitent et que marcher nous paraît impossible, alors il nous faut ramper, avancer coûte que coûte pour atteindre l’inaccessible.
Car le bonheur n’est pas une évidence, un dû de la vie aux vivants, il faut l’aimer, il faut aimer, il faut s’aimer.
Grâce à toi Grand père, je sais que l’amour est un chemin de lumière qui mène à lui-même, un phare dans la nuit des hommes.
©Adamante