Le rendez vous

Publié le 01 septembre 2011 par Fyfe
C'est une amie danseuse de ma sœur danseuse qui me l'a présenté.
Je ne me souviens plus exactement des termes qu'elle a utilisés pour me vanter ses mérites, mais son enthousiasme a suffit à me convaincre de le rencontrer, malgré ma timidité et ma méfiance quasi-maladive envers mes congénères du genre humain.
Et puis, c'est peut-être un peu bête, mais j'avoue avoir pensé que cet homme, s'il avait - par le passé - su satisfaire à un tel point une danseuse, donc par définition, une personne dont le corps est le principal outil de travail, cet homme, donc, serait forcément plein de promesses. (Si vous trouvez que cette phrase est incompréhensible, bienvenue au club. Veuillez adresser vos réclamations au responsable de mes neurones embrumés - aka l'alcool d'hier soir).
Et puis après tout, je ne cherchais pas une relation durable. Un rendez-vous, et basta. De toutes façons, je n'ai pas de place pour bien plus que ça dans ma vie déjà bien remplie.
Un investissement personnel limité + des attentes raisonnables = une prise de risque minimale. L'équation d'une consumériste que je n'aime pas vraiment être, mais que je sais reconnaître en moi.
On pourrait penser que cette attitude aurait l'avantage de me dispenser des traditionnelles angoisses qui précèdent ce genre d'exercice. On pourrait.
Mais je suis au regret de constater que pas du tout.
Depuis la préparation, avec le choix anxieux des sous-vêtements, les doutes et les envies de tout annuler, jusqu'à l'arrivée, beaucoup trop en avance (on ne se refait pas), avec les entrailles qui se nouent, la peur irradie partout.
J'essaye de me raisonner, de me souvenir qu'il n'y a pas d'enjeu, que je n'ai pas besoin de me faire aimer, que mon estime de moi ne dépend pas de son jugement, mais à 35 ans (pardon : 34 ans 3/4), je suis aussi cruche qu'à 14, manifestement.
Sans doute que l'idée d'exposer à un inconnu ce corps que je n'aime pas trop réveille en moi l'adolescente complexée.
Et puis, le voilà.
Il est effectivement jeune. Peut être un peu plus que moi ?
Du charme, sans aucun doute.
Et une voix....
Nous échangeons quelques phrases introductives, mais nous savons tous les deux pourquoi nous sommes là.
Il me guide, je me déshabille, m'allonge.
Je sens la chaleur de ses mains sur ma peau fraîche. Elles s'activent, et mon corps se détend, petit à petit.
Il est vraiment doué, je ne regrette pas d'avoir eu confiance.
Parfois il me prend dans ses bras, et me renverse sur la table un peu violemment, dans un mouvement qu'il semble parfaitement contrôler.
Puis ses mains recommencent à me presser.
Il m'inspire une confiance absolue.
Quand nous avons fini, je suis sous le charme, fatiguée, un peu flottante.
Il me dit qu'il aimerait me revoir, et ma réponse, un peu trop rapide, trahit mes sentiments. J'ai baissé la garde.
Je ne voulais pas m'engager ni m'impliquer, et voilà que je me projette dans le futur.
"Ça fait 60 euros".
Ah oui quand même.
La réalité se rappelle à moi de manière assez brutale.
Et si je le demande en mariage, il continuera à me faire payer la séance d'ostéopathie ?

NB : Une fois fini de rédigé ce billet, je suis prise d'un gros doute. La désagréable impression d'avoir déjà lu ça quelque part... Je me demande si je n'ai pas plagié quelqu'un... Si ça vous dit quelque chose, faites moi signe, j'aviserai en fonction de l'ampleur du désastre (copié-collé scandaleux ou inspiration lointaine... Je me méfie de ma mémoire, incapable de retenir le menu du repas précédent, mais tout à fait en mesure de s'approprier les mots des autres).  En attendant, je laisse, trop de temps passé dessus...